Malgré le quasi-silence des médias officiels, l’accident de bus qui, sur une autoroute de la province du Guizhou, dans le sud-ouest de la Chine, a provoqué la mort de vingt-sept passagers et en a blessé vingt autres, dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 septembre, scandalise la population. Le sujet a été vu plus de 600 millions de fois sur les réseaux sociaux. Ces passagers étaient en effet des gens a priori en parfaite santé mais qui étaient envoyés en quarantaine, à plus de 200 kilomètres de chez eux, parce qu’ils vivaient à Yunyan, un district de Guyang, la capitale régionale, où des cas positifs de Covid-19 avaient été signalés. Ils étaient donc, selon la terminologie chinoise, des cas contact directs ou indirects.
Bien que la circulation des bus soit interdite entre 2 heures et 5 heures dans ces régions montagneuses, l’accident s’est produit à 2 h 40. C’est donc que les autorités n’ont pas hésité à s’affranchir de leurs propres règles en faisant évacuer des gens nuitamment au nom de la stratégie zéro Covid.
Par ailleurs, des photos montrent le bus avec le chauffeur revêtu d’une combinaison intégrale, d’un masque et d’une visière de protection. Beaucoup d’internautes se demandent comment il est possible de conduire un bus avec un tel équipement. Surtout que dans ces bus, au nom de la politique zéro Covid, il est interdit d’ouvrir les fenêtres, de mettre l’air conditionné et bien entendu de faire la moindre pause. Une rumeur affirme que les autorités de Guyang avaient décidé le 16 septembre de tout faire pour mettre fin à la circulation du virus avant le lundi 19. « Les responsables régionaux et locaux qui ont donné l’ordre d’atteindre le zéro virus en trois jours sont pénalement responsables des vingt-sept morts », écrit un internaute. « Cet accident est en train de dilapider la confiance de toute la société », témoigne un deuxième. L’accident est d’autant moins accepté que le virus « n’a tué que deux personnes dans la province du Guizhou » depuis 2020, rappelle un troisième.
Selon les autorités, dimanche, environ 10 000 personnes étaient placées dans ces centres de quarantaine régionaux. Gao Yu, un des dirigeants du média en ligne Caixin, a posté sur les réseaux sociaux un commentaire qui pourrait lui valoir des ennuis mais résume le ras-le-bol de la population : « Réveillons-nous, revenons à la normale. Opposons-nous résolument aux tests systématiques de la population, au zéro Covid et à la fermeture du pays », écrit-il.
Censure sévère
En revanche, Hu Xijin, éditorialiste du Global Times qui a tenté, dimanche, d’éteindre l’incendie en expliquant qu’il fallait dissocier l’accident de la politique zéro Covid, se fait sévèrement insulter. Parmi les commentaires les plus populaires, celui-ci : « Hu Xijin, si tu n’oses pas critiquer les autorités en t’exprimant au nom de la population, s’il te plaît, tais-toi. Pourquoi faut-il toujours que tu mentes pour plaire aux méchants ? »
Il vous reste 27.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.