En combinant la biologie moléculaire et les neurosciences, des chercheurs japonais ont redécouvert un gène, déjà connu, permettant cette fois de résister au stress. Quel est ce gène et comment agit-il dans notre cerveau ?
Il existe un gènegène bien connu des scientifiques qui permet de résister au stress dit « psychologique » dans notre cerveaucerveau. En fait, cette résiliencerésilience au stress est orchestrée à différents niveaux qui comprennent l’activité neuronale, la signalisation moléculaire et le comportement qui en résulte. Dès lors, les problèmes apparaissent quand ces mécanismes sont modifiés, pouvant induire des conséquences psychiatriques telles qu’une augmentation de la peur, de l’anxiété et de la dépression.
L’étude menée par des chercheurs de l’Institut des sciences et technologies d’Okinawa, au Japon, a visé à comprendre la résilience au stress en examinant l’implication du gène sauteur Tob. « La présence de ce gène contribue à la résistancerésistance au stress et s’il est supprimé, on observe une augmentation de la dépression, de la peur et de l’anxiété », résume dans un communiqué de l’Institut le Dr Mohieldin Youssef, coauteur de l’étude.
Des expériences en biologie cellulaire et en neurosciences
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené plusieurs expériences sur des souris. Dans un premier temps, ils les ont exposées à un stress aigu, pour constater une augmentation des niveaux de protéines Tob. Ils ont ensuite utilisé des souris nées sans gène Tob et ont remarqué une augmentation de la dépression, de la peur et de l’anxiété. Par exemple, une souris dotée du gène Tob et placée dans un seau d’eau nageait et tentait de s’échapper. En revanche, une souris dépourvue du gène Tob se contentait de flotter, ce que les chercheurs assimilent à un symptômesymptôme de la dépression.
Ce phénomène s’expliquerait par la modification de la connectivité entre deux endroits clés qui régulent normalement la résistance du cerveau au stress : l’hippocampehippocampe et le cortex préfrontal. Sans le gène Tob, les neuronesneurones de l’hippocampe présentent une excitation accrue et une inhibitioninhibition réduite, ce qui aurait un impact sur le comportement des souris.
L’anxiété est régulée par une région du cerveau différente
Mais le gène Tob procurerait un effet protecteur du stress, de l’anxiété ou de la dépression dans des régions spécifiques du cerveau. Quand les chercheurs ont injecté le gène sauteur seulement dans l’hippocampe de souris dépourvues du gène, les niveaux de peur et de dépression sont revenus à la normale, mais pas l’anxiété. À l’inverse, les souris porteuses du gène Tob excepté dans les cellules de l’hippocampe présentaient des niveaux normaux d’anxiété, mais une peur et une dépression accrues.
“Nous en avons conclu que le gène Tob dans l’hippocampe supprimait la peur et la dépression”
« Nous en avons conclu que le gène Tob dans l’hippocampe supprimait la peur et la dépression », rapporte le Dr Youssef. En effet, ce gène agit comme un modulateur important dans la machinerie de signalisation du stress de l’hippocampe. En revanche, la suppression de l’anxiété doit être régulée par une autre partie du cerveau.
Par ailleurs, la suppression du gène Tob chez les souris affectait d’autres gènes et protéines, ce qui suggère que le gène présente de multiples impacts directs et indirects. La découverte de son rôle dans la peur, la dépression et l’anxiété pourrait faciliter le développement de traitements contre ces pathologies.