À l’origine créé pour prévenir toute utilisation abusive de photos d’internautes, PimEyes s’avère en réalité décrié en raison de l’éventail de nouvelles possibilités qu’il donne aux harceleurs.
Un passant se promène nonchalamment dans la rue, passe à proximité d’un touriste soudainement pris en photo et se retrouve, sans rien y pouvoir, sur le compte Instagram d’un total inconnu. Un nombre incalculable de photos de soi circulent en ligne, sur les réseaux sociaux comme sur des blogs ou sites Web personnels, sans que l’on puisse les retrouver.
Un outil polonais gratuit propose de scanner le Web pour centraliser toutes ces photographies, à partir d’une seule image, relève BBC News. PimEyes, lancé en 2017, se présente comme un outil de lutte contre l’utilisation abusive d’images de soi et, notamment, la création de faux profils.
Le site vient retrouver toutes les photographies d’une même personne, en brassant des informations issues publiquement accessibles sur Tumblr, des médias ou encore des blogs. Avec, parfois, quelques surprises, dont celle de découvrir des sosies. PimEyes s’avère surtout efficace pour les célébrités ou les personnes ayant un certain nombre de photos d’elles sur Google images.
Jusqu’à 25 personnes traçables en permanence
Le site compte actuellement 6000 utilisateurs inscrits, pour seulement 350 utilisateurs payants. Ces derniers peuvent charger jusqu’à 25 images de personnes différentes, pour recevoir des alertes dès lors que leur visage apparaît en ligne. Plusieurs associations de défense des libertés en ligne, dont la britannique Big Brother Watch, y décèlent un redoutable outil de harcèlement.
Pour l’association britannique, PimEyes fait ainsi courir aux “femmes et enfants” des risques “sans précédent”. Le “Graph Search”, un outil qui permettait de retrouver tous les commentaires, photos ou “J’aime” d’un profil Facebook, a été supprimé mi-2019 pour des raisons similaires. Big Brother Watch en profite pour appeler à une plus stricte régulation de la reconnaissance faciale. Cette dernière a pris un tout nouveau tournant ces dernières semaines avec l’annonce, coup sur coup, par IBM, Amazon puis Microsoft de la suspension voire de la fin pure et simple de la vente de ce type de technologies aux autorités.