La reprise virulente du mégafeu en Gironde, après un premier épisode intense en juillet, relance l’hypothèse d’un acte malveillant. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, l’a suggéré jeudi 11 août en déclarant qu’il y avait « de grandes suspicions » que ces reprises de feu soient « le fait d’incendiaires ». Il en veut pour preuve les « quelques centaines de mètres d’intervalle » entre les départs de feu. Un phénomène considéré par les spécialistes comme un indice probant d’incendie volontaire.
Ces propos ne s’appuient toutefois pas sur les investigations menées, puisque les agents de la cellule départementale de recherche des causes et circonstances des incendies de forêt n’ont pas encore pu commencer à travailler pour des raisons de sécurité.
Ces groupes de travail, formés de gendarmes, de policiers et de gardes forestiers, analysent les sites incendiés comme le fait la police scientifique sur une scène de crime. Ils cherchent à délimiter un périmètre, le plus réduit possible, sur lequel a eu lieu un départ de feu et étudient tous les indices disponibles : mégots, traces de carburant, empreintes sur un éventuel briquet et témoignages. Les rapports de la cellule sont transmis aux procureurs. Deux affaires de pyromanie, en Ardèche et dans l’Hérault, ont été particulièrement médiatisées en juillet, mais elles sont loin d’être les seules.
Condamnations chaque semaine
La sécheresse et la canicule exceptionnelles n’expliquent pas à elles seules la multiplication des foyers en Gironde, dans le Doubs, l’Hérault ou encore le Finistère. Chaque semaine, des condamnations sont prononcées pour des incendies volontaires ou pas. Ainsi, le 26 juillet, trois jeunes hommes d’une vingtaine d’années ont été condamnés en comparution immédiate à soixante-dix heures de travaux d’intérêt général et cinq mois de prison avec sursis par le tribunal judiciaire de Rennes pour avoir mis le feu dans un champ à Saint-Aubin-d’Aubigné (Ille-et-Vilaine), rapidement circonscrit par les pompiers.
Plus grave. Le 29 juillet, un homme de 44 ans, qui avait reconnu être l’auteur de plusieurs départs de feu à Lussas, près d’Aubenas (Ardèche), ayant ravagé 1 200 hectares, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Présentant un « taux d’alcool significatif » au moment de son interpellation, il était passé aux aveux après avoir été « confronté aux nombreux témoignages » établissant sa présence sur les départs de feu. Il est poursuivi pour incendie volontaire, « crime puni d’une peine de quinze ans de réclusion criminelle », a précisé la procureure de Privas, Cécile Deprade.
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