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Une famille belge de cinq enfants, âgés de 7 à 14 ans au moment des faits en août 2003, a été empoisonnée par une salade de pâtes. Le plat a été préparé le vendredi à l’occasion d’un pique-nique estival qui a eu lieu le lendemain. Les restes ont été conservés au réfrigérateur jusqu’au lundi. Ce soir-là, la famille décide de terminer les restes du pique-nique. En sortant la salade de pâtes du frigo, une odeur étrange s’en dégage, mais celle-ci est tout de même servie et mangée, avec un peu de réticence, par les enfants.
Quelques heures après le repas, la benjamine de la famille, âgée de 7 ans, commence à se sentir mal. Elle est prise de vomissements intenses et n’arrive plus à respirer. Toute la famille part pour les urgences et le temps du trajet la fratrie au complet est prise de vomissement. Mais c’est l’état de la benjamine et de son frère de 9 ans qui préoccupe les médecins. Tous deux sont intubés et placés sous ventilation mécanique à leur arrivée aux urgences. L’état général des enfants se dégrade vite et face à l’urgence de la situation, les médecins demandent leur transfert à l’hôpital de Louvain.
Malheureusement, la benjamine fait une hémorragie pulmonaire durant le voyage, obligeant les médecins a lui prodiguer un massage cardiaque constant pour la maintenir en vie. Arrivée à Louvain, elle est dans le coma, souffrant d’une hémorragie diffuse et de crampes musculaires sévères. Elle décède 20 minutes plus tard, soit 13 heures après avoir mangé la salade de pâtes. Car c’est bien ce simple repas qui est à l’origine de sa mort.
Une salade de pâtes mortelle
L’autopsie met au jour une quantité importante de la bactérie Bacillus cereus dans ses intestins, ainsi qu’un début de nécrose au niveau du foie. Tous les enfants ont été malades à des degrés divers. Le garçon de 9 ans a été pris en charge dans une unité de soin intensive où les pédiatres ont pu sauver son foie grâce à un cocktail de médicaments et d’antibiotiques ; vingt-quatre heures après le début du traitement, il a repris conscience. Les deux filles cadettes de la famille, âgées de 9 et 10 ans, ainsi que l’aîné de 14 ans n’ont pas subi de défaillance hépatique et ont été gardés sous observation. Les enfants ayant survécu sont sortis de l’hôpital huit jours plus tard.
Les analyses microbiologiques ont révélé que la salade était contaminée par la bactérie Bacillus cereus qui synthétise soit une toxine émétisante (qui provoque des vomissements) thermo-résistante, la céreulide, soit une toxine diarrhéique. La famille belge a été infectée par une souche produisant la toxine émétisante. En général, les symptômes apparaissent entre six à huit heures après l’ingestion de l’aliment contaminé.
Si Bacillus cereus est une source bien connue de toxi-infection alimentaire, ce n’est pas la plus fréquente. Un cas pour 5 millions d’habitants est identifié tous les ans. La plupart des infections passent inaperçues, provoquant des symptômes légers et les cas mortels sont rarissimes. Avant celui rapporté ici, seul un cas de toxi-infection à B. cereus mortel était décrit dans la littérature. La toxine de cette bactérie est plus puissante quand la température se situe entre 13 et 15 °C. La salade de pâtes a été conservée dans un réfrigérateur à 14 °C, permettant à la bactérie de croître durant les trois jours de conservation et de produire une grande quantité de toxine qui explique la survenue de ce drame familial.
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