Des gazons grillés, des plantes flétries, des tapis de feuilles mortes donnant à la végétation des allures automnales. Les vagues de chaleur qui s’enchaînent depuis le début de l’été et la raréfaction de l’eau dans une majeure partie de la France mettent la couverture végétale à rude épreuve. « Les feuilles des arbres vont se flétrir, voire jaunir ou tomber » confirme Cyrille Rathgeber, chargé de recherche au département Ecologie des Forêts, Prairies et milieux Aquatiques (EFPA) de l’INRAE.
Cette lente dégradation s’explique par le phénomène de « préservation » par lequel les végétaux ripostent aux épisodes de forte sécheresse. Tant qu’un végétal dispose d’eau, il se développe et entretient le mécanisme d’évapotranspiration. « La plante puise l’eau du sol par ses racines, puis la transporte pour la relâcher par les feuilles. C’est entre autres ce qui lui sert à réaliser la photosynthèse » comme l’explique Isabelle Chuine, écologue et directrice de recherche au CNRS. Or cette activité implique des efforts, notamment pour les arbres qui, plus imposants que les plantes, ont besoin de davantage d’énergie pour acheminer l’eau jusqu’à l’extrémité de leur feuillage. Xavier Bartet, adjoint au chef du département Recherche, Développement & Innovation de l’Office national des forêts (ONF) le schématise ainsi : « C’est comme imaginer boire un verre d’eau posé au sol avec une très longue paille, depuis un escabeau. Cela demande plus d’effort pour faire monter l’eau. »
Dès lors que l’eau se fait rare, les arbres s’adaptent en stoppant leur transpiration, comme une sorte de veille, entraînant un flétrissement de leurs feuilles qui n’est pas sans conséquence sur la pérennité des espèces. Si les plus fragiles meurent, presque tous souffrent de la chaleur. Cette situation de tension « est un phénomène généralisé » à l’échelle de l’Hexagone, estime Isabelle Chuine, mais des disparités se font jour. La partie nord de la France a été davantage affectée car les espèces végétales y sont moins habituées à de fortes températures.
Arbres inégaux face à la chaleur
La situation est particulièrement critique dans les zones urbaines, et plus précisément dans les villes, où le bâti et les activités humaines contribuent à la formation d’îlots de chaleur, et où les restrictions d’eau aggravant le risque de dessèchement du couvert végétal.
Dans les territoires plus ruraux, la végétation fragilisée par la sécheresse est confrontée à d’autres menaces, dont celle des incendies. Puisqu’il n’y a plus de transpiration et donc moins d’humidité, les conditions s’avèrent propices à la propagation des flammes. Au 13 août, la France comptait pas moins de 61 507 hectares brûlés, soit une surface détruite quasiment huit fois plus élevée que la moyenne sur la période 2006-2021.
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