Une piste pour améliorer des capacités cognitives de personnes porteuses d’une trisomie 21 ? Des travaux, conduits par le service endocrinologie, diabétologie et métabolisme au Centre hospitalier universitaire vaudois (ChuV) de Lausanne, conjointement avec l’équipe de Vincent Prévot, responsable du laboratoire Neurosciences & cognition (Inserm/université de Lille, CHU de Lille), ont évalué un traitement à base de l’hormone GnRH, appelée gonadolibérine, pour mesurer ses effets sur la cognition. Sécrétée par l’hypothalamus, elle est connue pour réguler la fonction de reproduction adulte.
Les résultats, publiés dans la revue Science du 2 septembre, ont été qualifiés de « prometteurs » par Nelly Pitteloud, la cheffe du service du ChuV lors de leur présentation à la presse le 31 août. Mais ils sont toutefois « à considérer avec une très grande prudence », a précisé cette spécialiste, coauteure de la publication.
Causée par un chromosome surnuméraire, la trisomie 21 est la première cause de déficience intellectuelle. Elle est caractérisée par à un déclin précoce des capacités cognitives, de type maladie d’Alzheimer, et souvent associée à des troubles olfactifs – mais aussi à un déficit de maturation sexuelle chez les hommes.
Sur un modèle de « souris trisomique », l’équipe lilloise a d’abord démontré que « les déficiences cognitives et olfactives étaient étroitement liées à une sécrétion de GnRH dysfonctionnelle ». Des thérapies restaurant la fonction de cette hormone amélioraient ces deux fonctions. Vincent Prévot s’est alors rapproché de l’équipe de Nelly Pitteloud, qui travaille sur le traitement de la déficience congénitale de GnRH. Ils ont testé le traitement de GnRH chez sept hommes porteurs de trisomie 21, âgés de 20 à 50 ans. Ces derniers ont reçu pendant six mois une dose de l’hormone toutes les deux heures, en sous-cutané, à l’aide d’une pompe placée sur le bras, de manière pulsée – à l’instar de la pompe à insuline – mimant la sécrétion de GnRH naturelle. « Le traitement a été bien toléré. Aucun effet indésirable n’a été mis en évidence », précise la professeure Pitteloud.
En pratique, les participants ont passé des tests neuropsychologiques avant et après les six mois de traitement, en utilisant le Moca (Montreal cognitive assessment), un questionnaire d’environ une page avec des questions portant sur la mémoire, le langage, l’abstraction…
Une amélioration des capacités cognitives (fonction visuo-spatiale, fonctions exécutives, attention), a été constatée chez 6 des 7 patients. En revanche, aucun progrès n’a été noté dans les tests olfactifs. Des données d’imagerie cérébrale ont également mis en évidence de meilleures connexions neuronales, notamment dans les régions visuelles et sensorimotrices.
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