Une nouvelle fois, la France a douché les espoirs de l’Espagne de voir se concrétiser la construction du gazoduc MidCat entre la Catalogne et l’Occitanie. « Le défi à court terme est d’avoir plus de gaz, plus d’électricité venant d’autres pays que la Russie (…) Je ne suis pas sûr qu’un nouveau gazoduc puisse nous aider à passer l’hiver, a déclaré le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, samedi 3 septembre. Avant de penser à l’investissement à long terme, concentrons-nous sur les défis que nous devons relever l’hiver prochain. »
En Espagne, où l’on veut déjà anticiper les risques pour l’hiver 2023-2024, les réticences françaises ont de plus en plus de mal à passer. Les éditoriaux de la presse espagnole critiquent « l’égoïsme français » et le gouvernement ne manque pas de rappeler que l’Allemagne, comme ne cesse de le répéter le chancelier Olaf Scholz, est intéressée par l’amélioration des connexions gazières avec le sud de l’Europe. « Les pays du centre et du Nord réfléchissent aux alternatives dont ils disposent et voient les limites d’être restés à mi-chemin du processus de partage des infrastructures », explique au Monde la ministre espagnole de la transition énergétique, Teresa Ribera, pour qui la question ne devrait pas être perçue comme une problématique « bilatérale ».
Six usines
L’idée de construire un nouveau gazoduc entre la Catalogne et le sud-ouest de la France remonte au début des années 2000. En 2010, la construction de l’infrastructure a même été commencée – un tronçon a été complété entre Martorell et Hostalric, autour de Barcelone –, avant d’être abandonnée un an plus tard, sur fond de levée de boucliers des écologistes, et faute d’intérêt pour poursuivre l’infrastructure côté français, malgré les atouts de l’Espagne.
Il ressort des commentaires amers qui circulent à Madrid le regret de buter sur les réticences françaises dès qu’il s’agit de toucher à la question des interconnexions
Reliée à l’Algérie par le gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an, elle l’était aussi, jusqu’à sa fermeture, le 1er novembre 2021, après une crise entre l’Algérie et le Maroc, par le gazoduc Maghreb-Europe. Elle compte aussi six usines de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) en fonctionnement (et une septième en hibernation), représentant 35 % des capacités de l’Union européenne, soit 60 milliards de mètres cubes par an. Pour faire transiter ce gaz, le pays compte seulement deux gazoducs en Navarre et au Pays basque, qui ne permettent le passage que de 8 milliards de mètres cubes par an vers la France.
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