En mai 2021, le volcan Nyiragongo était entré soudainement en éruption sans produire de signes avant-coureurs. Des scientifiques expliquent ce comportement inhabituel, mais dangereux.
En mai de l’année dernière, le volcan Nyiragongo, situé en République démocratique du Congo, était entré en éruption soudainement. Prise de cours, la population n’avait eu d’autre choix que de fuir les coulées de lave dévalant les flancs. La catastrophe avait fait plusieurs centaines de morts.
Une éruption sans signes avant-coureurs
Le volcan était pourtant surveillé de près depuis six ans par les scientifiques qui avaient disposé de nombreux instruments autour et sur le volcan afin de détecter les habituels signes avant-coureurs. En général, les éruptions volcaniques sont en effet précédées par une activité sismique anormale, un gonflement des flancs, des échappements de gaz et fumerolles…
Ces signaux indiquent que la chambre magmatique se remplit et que la pression augmente de manière critique au sein du système magmatique. Si la date exacte et l’heure d’une éruption ne peuvent pas être prédites avec certitude, ces éléments permettent cependant de mettre en garde les populations contre un risque imminent d’éruption.
Pourtant, le Nyiragongo n’a émis aucun signal d’alerte, causant la surprise des populations mais également des scientifiques. Alors que s’est-il passé ?
Un volcan « prêt » à entrer en éruption depuis longtemps
En se penchant sur cette question, des chercheurs ont montré qu’il n’y avait pas eu de défaut de fonctionnement des équipements de suivi. En y regardant de plus près, quelques signes étaient cependant visibles, mais insuffisants pour déclencher une alerte. Le niveau du lac de lave dans le cratère était légèrement monté, mais pas de façon inhabituelle. Quelques fissures étaient apparues sur les flancs et de petits tremblements de terre ont été ressentis juste avant l’éruption, mais ce sont des comportements normaux pour un volcan actif.
Pour expliquer l’absence de signaux clairs précédant l’éruption, des scientifiques avancent le fait que le volcan était déjà prêt à entrer en éruption depuis longtemps, la recharge en magma et la montée en pression s’étant faites graduellement au cours du temps, passant ainsi inaperçues. Le magma était donc déjà très proche de la surface, ce qui explique que l’éruption n’a pas été précédée par les signes classiques indiquant sa remontée.
Ces résultats, publiés dans Nature, montrent que chaque volcan est différent et mettent en lumière la nécessité d’individualiser les équipements scientifiques et les procédures d’alerte en fonction des cas.
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