Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) évoque dans son premier avis, rendu lundi, une vague épidémique actuelle du Covid-19 d'”intensité modérée”, tout en restant prudent pour la suite face à de potentiels nouveaux variants. “Un rebond pandémique en France et en Europe affecte les sujets âgés et reste pour l’instant d’intensité modérée mais avec une dynamique à surveiller”, selon le successeur du Conseil scientifique, présidé par l’immunologue Brigitte Autran. Dans son viseur notamment: la croissance rapide du sous-variant d’Omicron BQ.1.1, détecté dans l’Hexagone mi-septembre. Il représente désormais 15% des virus détectés en France métropolitaine, et près de la moitié en Ile-de-France.
Or “le niveau d’échappement immunitaire de BQ.1.1 est incertain”, prévient le Covars. Quoiqu’il en soit, le redémarrage épidémique observé en France, comme dans une partie de l’Europe, “ne semble pas être dû à l’apparition d’un nouveau variant stricto-sensu”, estime-t-il, mais plutôt à un ensemble d’autres facteurs (baisse d’immunité collective, conditions climatiques favorable à la diffusion du virus…)
“Très proche du pic épidémique”
Selon l’organisme de veille, “l’analyse des taux de croissance des différents indicateurs épidémiologiques suggère qu’on pourrait être très proche du pic épidémique”. Mais “ces signaux encourageants doivent être tempérés” en raison d’une “croissance rapide du variant BQ.1.1 sur le territoire national”. Descendant de “BA.5”, ce “sous-sous variant” présente plusieurs mutations qui pourraient favoriser un échappement immunitaire.
“Cela reste un descendant d’Omicron”, qui marque une différence “moins nette que quand Omicron avait remplacé Delta”, a expliqué le virologue Bruno Lina, l’un des 19 membres du Covars lors d’un point presse. Si BQ.1.1 “présente un réel avantage (s’il est plus contagieux: ndlr), on pourrait observer un rebond de la vague mais il ne sera visible que dans une ou deux semaines”, a-t-il poursuivi.
Des capacités hospitalières “amputées de façon significative”
En attendant, la vague épidémique apparue mi-septembre 2022 “a un retentissement hospitalier direct moins important que les vagues antérieures”. Mais avant même le début de l’hiver “les capacités hospitalières restent amputées de façon significative”, alerte le Covars. D’autres maladies infectieuses hivernales comme la grippe, la bronchiolite ou la gastro-entérite, pourraient en outre affecter le système de santé. Le Covars recommande donc de poursuivre les mesures de prévention et de vaccination mises en place face au Covid.
Plusieurs leviers doivent être ainsi “activés”: “vacciner, promouvoir le port de masques, contrôler la qualité de l’air”, prône-t-il. “Nous ne sommes plus pour la généralisation du masque mais pour un port responsable ; il faut par ailleurs accélérer la campagne de vaccination avec le 3e rappel pour les plus fragiles”, a souligné Brigitte Autran. Le conseil se montre par ailleurs attentif à l’acceptabilité des mesures et à la santé mentale des Français. “Celle-ci ne cesse de se dégrader”, a alerté la démographe Annabel Desgrees du Lou, sans qu’il soit possible d’attribuer ce mal-être au seul Covid. Selon une récente enquête, 41% des 18-24 ans montrent notamment des signes d’anxiété.