La polémique n’a cessé d’enfler à Londres ces derniers jours, après que le nouveau premier ministre conservateur, Rishi Sunak, a fait savoir qu’il ne se rendrait pas à Charm El-Cheikh pour la COP27, du 7 au 18 novembre. L’annonce en avait été faite alors que le Royaume-Uni a été l’organisateur de la COP26 en novembre 2021 à Glasgow et que le Britannique Alok Sharma en est toujours le président – jusqu’à la passation du flambeau au ministre des affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry. Downing Street a d’abord expliqué, en fin de semaine dernière, que M. Sunak, qui a succédé à Liz Truss le 25 octobre, voulait se concentrer sur la politique intérieure et travailler à la finalisation d’un budget rectificatif devant être rendu public le 17 novembre.
Lundi 31 octobre, face à l’avalanche de critiques, le porte-parole du dirigeant a infléchi son discours : « Le premier ministre reste focalisé sur la préparation [du budget]. Toute éventuelle participation à la COP27 sera conditionnée à son état d’avancement. »
Un « énorme manque de leadership »
Rishi Sunak n’a pas droit à l’erreur, ayant promis de « régler les problèmes » causés par les plans de Mme Truss, poussée à la démission après avoir affolé les marchés financiers avec sa politique de baisses massives d’impôts non financées. Pour autant, même au sein de sa majorité politique, certains estiment que M. Sunak se trompe de priorité et envoie un mauvais signal, alors que les pays riches n’ont toujours pas honoré leur promesse de réunir 100 milliards de dollars (101 milliards d’euros) par an pour aider les pays pauvres dans leur transition et que les signes alarmants d’un emballement climatique se multiplient.
Keir Starmer, chef de file des travaillistes, a dénoncé un « énorme manque de leadership ». « Rishi Sunak a manifestement du mal à comprendre que lutter contre le réchauffement climatique n’est pas juste une histoire de réputation internationale. La transition énergétique peut créer des opportunités d’emplois, accroît notre sécurité énergétique et réduit nos factures d’électricité », a déploré Ed Miliband, le ministre au changement climatique du cabinet fantôme de M. Starmer.
Les remarques les plus acerbes sont venues d’Alok Sharma, qui conduira la délégation britannique à Charm El-Cheikh. Salué pour sa maîtrise des négociations lors de la conférence de Glasgow, ce député conservateur, d’ordinaire discret, s’est dit « très déçu » de la possible absence de M. Sunak en Egypte. Dans les colonnes du Sunday Times, dimanche 30 octobre, il souligne qu’aller à la COP27 « permet de poursuivre le dialogue avec d’autres dirigeants [le président français, Emmanuel Macron, et son homologue américain, Joe Biden, ont annoncé leur venue]. Et cela souligne notre engagement [d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2]. »
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