Alors que le monde entier se prépare à la 27e Conférence des parties (COP27), organisée par l’ONU, en Egypte, nous, lauréats du prix Nobel, vous exhortons à ne pas oublier les milliers de prisonniers politiques détenus dans les prisons égyptiennes – avec une urgence particulière dans le cas de l’écrivain et philosophe égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, qui mène depuis six mois une grève de la faim et risque de mourir.
Alaa a passé les dix dernières années – un quart de sa vie – en prison, pour les mots qu’il a écrits. Pour des essais, des posts sur les réseaux sociaux, des discours et des idées qu’il a fait naître, sur la démocratie, la loi, la technologie ou le travail – des idées qui devraient être célébrées, mais qui lui ont coûté sa liberté.
En tant que lauréats du prix Nobel, nous croyons à la puissance de l’écriture et en sa capacité à changer le monde – et à la nécessité de défendre une parole libre si nous voulons construire un avenir plus durable et véritablement plus juste.
Contre l’exploitation et la coercition
Nous exhortons tous les représentants des gouvernements, des organisations environnementales et des entreprises à utiliser tous les moyens à leur disposition pour aider les plus vulnérables et pour les protéger non seulement de la montée des eaux mais aussi de l’emprisonnement et de l’oubli. Une transition juste et équitable ne peut pas se contenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais doit viser à lutter contre l’exploitation et la coercition.
Si les dirigeants du monde entier se réunissent en Egypte et repartent sans adresse aux plus vulnérables, quel espoir peut-il encore leur rester ? Si, en fin de compte, la COP27 se résume à un rassemblement silencieux, où personne ne prend le risque de s’exprimer ouvertement par peur de contrarier la présidence de la COP, quel est l’avenir qui sera négocié pour la planète ?
Nous comprenons bien l’enjeu des négociations et leur urgence. Mais ce n’est pas en composant avec l’autoritarisme que les crises sont évitées. Nous croyons fermement qu’un développement véritablement durable nécessite plus de démocratie, plus de transparence et plus de participation citoyenne.
Nous vous demandons d’utiliser votre temps de parole pour faire entendre le nom des prisonniers politiques, pour réclamer leur libération et pour inviter l’Egypte à tourner une page et à devenir un véritable partenaire dans la construction d’un avenir différent : un avenir qui respecte la vie et la dignité humaine.
Voix puissante en faveur de la démocratie
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