Montréal pourrait battre son « record absolu » de température samedi pour un mois de novembre, alors que le Québec connait une période de chaleur exceptionnelle depuis la fin du mois d’octobre.
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« On sera 10 à 15°C au-dessus des normales de saison à partir de vendredi, explique André Monette, chef du service météorologie pour MétéoMédia. Habituellement, début novembre, les températures se situent autour de 9°C le jour et 1°Cla nuit au sud du Québec, et entre 7°C le jour et -1°C la nuit au centre de la province. »
Selon les prévisions d’Environnement Canada et de MétéoMédia, les températures devraient pourtant osciller entre 17 et 23°C entre jeudi et dimanche. Le mercure pourrait même grimper à 23°C samedi à Montréal.
« Il y a une possibilité de battre le record historique de chaleur pour un mois de novembre, souligne Jean-Philippe Bégin, météorologue à Environnement Canada. Nous avions atteint 22,4°C en 2020, le maximum jamais enregistré. »
Plusieurs autres records de chaleur « risquent d’être battus à travers le Québec, particulièrement de vendredi à dimanche », ajoute MétéoMédia.
Écoutez l’entrevue avec Patrick De Bellefeuille, expert en changements climatiques à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 05 via QUB radio :
Chaleurs exceptionnelles
Après des températures presque estivales à la fin du mois d’octobre, la province connait une nouvelle période de redoux en ce début novembre.
« C’est une séquence exceptionnelle, sans toutefois être unique, précise André Monette. En 2020, le sud du Québec avait connu des températures comprises entre 18 et 22°C du 5 au 11 novembre. »
Pour Jean-Philippe Bégin, ces deux périodes successives de chaleur en octobre et novembre pourraient potentiellement représenter un événement historique.
« Dès la semaine prochaine, les climatologues vont analyser les données pour savoir s’il y a un comparable dans le passé, explique le météorologue. On saura alors si c’est du jamais vu ou non. »
Vents chauds du sud
Selon les experts, les températures bien au-dessus des normales de saison pourraient avoir une explication scientifique.
« Au cours des prochains jours, l’est du continent aura une forte crête qui amènera une poussée de chaleur provenant du Golfe du Mexique, affirme M. Monette. On a eu le même phénomène du 21 au 26 octobre, qui est en train de se répéter en novembre. »
« On a des poussées d’air froid dans l’ouest, qui crée une déformation du courant-jet, affirme de son côté Jean-Philippe Bégin. Le courant- jet remonte pour l’est du continent, ce qui a pour conséquence que les températures douces des États-Unis prennent toute la place sur le Québec. »
S’ils s’accordent pour reconnaitre le caractère inhabituel des températures actuelles, les experts estiment toutefois qu’il est encore trop tôt pour les lier au réchauffement climatique.
« Une partie de ça pourrait être attribuable au changement climatique, reconnait M. Bégin. Mais il faudrait prouver que ces phénomènes-là arrivent plus souvent pour en dégager une tendance. »
Résidents et touristes surpris
Venue de Belgique pour rendre visite à sa fille à Montréal, Véronique Thijs semblait surprise de la température clémente.
Crédit Youri Nabbad
Venue de Belgique, Véronique Thijs s’attendait à des températures bien plus fraiches au Québec en novembre.
« Je m’attendais à avoir du 5 ou 10 degrés au maximum, raconte la touriste. C’est la même chose en Europe, l’hiver n’arrive pas. Je trouve ça inquiétant. »
Croisés aux abords du Parc Lafontaine mercredi après-midi, plusieurs résidents se disaient eux-aussi étonnés d’une telle chaleur.
Crédit Youri Nabbad
Comme Dan et Marcel Giovanni, plusieurs citoyens profitaient du beau temps, mercredi après-midi au Parc Lafontaine à Montréal.
« Des températures aussi élevées en novembre, ce n’est pas normal, estime Marcel Giovanni, né à Montréal. Mais on en profite, qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? »
« Je m’attendais à avoir du 5 ou 10 degrés au maximum, raconte la touriste. C’est la même chose en Europe, l’hiver n’arrive pas, c’est inquiétant. »
« Ce n’est pas normal ce qu’il se passe, estime Marcel Giovanni, né à Montréal. Mais on en profite, qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? »