Un prototype de « nez bionique » est en cours de développement aux États-Unis. Avec un fonctionnement calqué sur les implants cochléaires, il pourrait permettre aux anosmiques de sentir à nouveau les odeurs.
La Covid-19 a privé d’odoratodorat des milliers de personnes, heureusement dans la plupart des cas de façon provisoire, mais dans environ 10 % des cas, l’anosmieanosmie persiste et transforme le quotidien en véritable cauchemar. Si des chercheurs misent sur les cellules souchescellules souches pour restaurer les fonctions olfactives perdues, Richard Costanzo et Daniel Coelho, spécialistes de la physiologie et de la sphère ORL à l’université de Virginie, ont mis au point une neuroprothèse olfactive destinée aux personnes devenues anosmiques suite à une blessure au cerveaucerveau ou à la Covid-19, comme le rapporte IEEE Spectrum.
Un nez pour ceux qui ne sentent plus rien
Le prototype de neznez bionique mis au point par les deux scientifiques et leurs collègues du Smell and Taste Disorders Center ressemble plutôt à une paire de lunettes. Un détecteur caché dans la monture analyse les odeurs et transmet l’information au cerveau par l’intermédiaire d’électrodesélectrodes appliquées sur le crânecrâne, à l’image d’un implant cochléaire qui capte les sons et les transmet au cerveau, permettant aux malentendants de retrouver l’audition.
Le projet est en cours depuis 2011 et un brevet a été déposé en 2016. La pandémie de Covid-19 lui a donné un second souffle, toutefois le chemin est encore long pour que le nezlong pour que le nez bionique soit abouti. Le système olfactif est complexe, on estime qu’il existe plus de 300 gènes codant pour des récepteurs olfactifs et que la muqueusemuqueuse olfactive est tapissée de plusieurs millions de neuronesneurones qui transmettent les informations au cerveau. En l’état, reproduire une telle diversité sur un détecteur qui peut être intégré dans une monture de lunettes n’est pas possible.
Un développement de plusieurs années encore nécessaire
Le challenge réside aussi bien dans l’intégration des récepteurs olfactifs dans le détecteur que la stimulation du bulbe olfactif dans le cerveau. Des expériences faites sur les rats en 2018 ont montré qu’une stimulation électrique envoyée par un implant cochléaire positionné à proximité du bulbe olfactif activait bien les neurones de cette région et que l’information voyageait dans d’autres parties du cerveau. Un scientifique d’Harvard a réussi à faire sentir des odeurs d’oignonoignon ou fruitées juste en stimulant électriquement la plaque cribriforme, la structure anatomique située en haut de la cavité nasale qui supporte les nerfsnerfs olfactifs. Les personnes testées percevaient parfaitement les odeurs, et ces résultats seraient reproductibles chez des anosmiques.
Il faudra encore plusieurs années de recherche et développement pour que les anosmiques puissent retrouver leur odorat grâce au nez bionique de Richard Costanzo et Daniel Coelho. En attendant cette avancée technologique, des rééducations du nez aux odeurs permettent aux anosmiques de retrouver partiellement ce sens qui leur manque tant.