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La mort du botaniste Franklin Picard

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Franklin Picard, le 9 février 2012 à Paris.

Le botaniste Franklin Picard est mort à Paris, le 29 octobre 2022, d’une crise cardiaque, à l’âge de 79 ans. Unanimement admiré pour ses vastes connaissances en matière d’arbres ou de végétaux, il était aussi très apprécié pour la simplicité pleine de bonhomie avec laquelle il partageait son savoir. Parmi ses nombreuses activités dans le domaine des plantes et des jardins figurent la gestion de l’arboretum de Segrez, dans l’Essonne, la création en 1989 du Conservatoire des collections végétales spécialisées, l’animation de l’Association des parcs botaniques de France ou, récemment, la remise en valeur du parc de la Roche-Fauconnière, à Cherbourg, dans le Cotentin. Il fut également, au début des années 1980, un des initiateurs des premières fêtes des plantes de Courson, dans l’Essonne, avec Hélène et Patrice Fustier, les propriétaires du domaine.

Le « fou de plantes » était également un collectionneur d’enregistrements sonores – essentiellement des voix – qu’il effectuait lui-même sur un magnétophone ou acquérait au cours de ses déplacements botaniques. Sont ainsi entrées dans sa collection la voix d’une ancienne esclave américaine, celle de l’actrice Sarah Bernhardt ou celle du révolutionnaire Léon Trotski, conservées dans un Institut des archives sonores.

Franklin Picard est né à Saint-Sulpice-de-Favières, dans l’Essonne, le 26 octobre 1943. Celui dont les études ont été volontairement interrompues vient d’une famille d’industriels qui ne le détourna pas de ce qui allait être la passion de sa vie : la botanique. Après y avoir été initié, dans sa jeunesse, à Cherbourg, par un collectionneur de plantes tropicales, il fut pris sous l’aile d’une chercheuse réputée du Muséum national d’histoire naturelle, Aline Raynal, qui le forma – c’était encore possible – en dehors du cursus universitaire. Par la suite, l’aisance financière dont il put jouir lui donna la possibilité d’effectuer de nombreux voyages loin de la France, en Amérique tropicale ou en Asie, à la recherche de plantes rares, à la manière d’un naturaliste fortuné du XIXsiècle. Cette formation d’origine et l’expérience du terrain firent de lui un scientifique… autodidacte à la réputation établie.

Trésors botaniques inestimables

Il se lança avec succès en poursuivant l’aménagement de l’arboretum du domaine familial de Segrez, sur les pas de son illustre ancien propriétaire, le botaniste et viticulteur Alphonse Lavallée. (L’ancien jardin régulier, transformé au XVIIIsiècle en jardin anglo-chinois, avec sa grotte à coquillages, a fait alors l’objet d’une étude de l’historienne Monique Mosser.) A partir de 1976, la réalisation d’un inventaire précis et aussi exhaustif que possible pour le compte de l’Association des parcs botaniques de France eut son prolongement dans l’édition d’un Guide du patrimoine botanique en France, réalisé avec Jean-Pierre Demoly (Actes Sud, 2005).

Parallèlement, il eut de fructueux échanges scientifiques avec un célèbre collectionneur de cactées de la Côte d’Azur, Julien Marnier-Lapostolle, après avoir été un invité régulier de sa villa Les Cèdres, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Il en ressortit l’édition d’un ouvrage de référence, également sous la signature de Jean-Pierre Demoly, Un jardin botanique d’exception. Les Cèdres (Franklin Picard éd., 1999).

En 2019, la vente à un oligarque ukrainien de l’ancienne villa du roi des Belges Léopold II, avec ses collections exceptionnelles de palmiers et de succulentes, fit craindre à Franklin Picard une détérioration irréversible – qui n’eut pas lieu jusqu’à aujourd’hui. Il put même y retourner quelques mois avant sa mort, ce qui ne manqua pas de le rassurer sur le devenir de trésors botaniques inestimables.

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Après avoir joué dès les années 1990 un rôle-clé dans la création et l’animation du Conservatoire des collections végétales spécialisées (inspiré de l’actuel Plant Heritage britannique) et de sa revue Hommes & Plantes –, ce « jardinier botaniste » infatigable se consacrait, depuis 2017, à la réhabilitation de l’arboretum de Cherbourg. Situé dans le parc de la Roche-Fauconnière, le « jardin tropical du docteur Favier », qu’il connut jeune, est en passe de renaître grâce à l’expertise et à la mémoire sans égales de celui qui fut son dernier – et attachant – responsable scientifique.

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Written by Milo

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