LES CHERCHEURS PRIVILÉGIENT LES CO-AUTEURS DU MÊME SEXE, SELON UNE ÉTUDE
Une recherche conjointe de Cornell et de l’Université de Washington révèle que les chercheurs ont plus de chances de rédiger des articles scientifiques avec des co-auteurs du même sexe, un schéma qui ne peut pas être simplement expliqué par la représentation variable des sexes dans les disciplines scientifiques et le temps. Cette observation est basée sur l’analyse d’un corpus numérique de 560 000 articles de recherche publiés sur une période de 50 ans. L’équipe de recherche a observé une homophilie de genre cohérente, c’est-à-dire la tendance des auteurs à collaborer avec d’autres personnes de même sexe. Cependant, les chercheurs sont allés plus loin en utilisant des méthodes novatrices pour écarter les explications logiques apparentes, comme l’équilibre entre les sexes dans un domaine donné ou les normes de rédaction des articles de recherche.
UNE TENDANCE COMPORTEMENTALE
Les résultats de l’équipe suggèrent qu’il existe un élément comportemental lorsque les scientifiques cherchent des collaborateurs. Ils estiment que la présence d’une homophilie de genre dans le paysage scientifique global ne peut pas uniquement être attribuée aux niveaux variables de représentation des sexes. Les chercheurs ont analysé un énorme corpus d’articles publiés entre 1960 et 2011 dans le dépôt en ligne JSTOR. Pour relier les genres à plus de 800 000 noms d’auteurs, l’équipe s’est appuyée sur des registres de sécurité sociale et des données issues des contributions du public. Notons que cette recherche se limite aux auteurs hommes et femmes et ne prend pas en compte les identités non binaires.
UNE APPROCHE NOVATRICE
Pour étudier plus en détail cette homophilie de genre, l’équipe a regroupé les auteurs en fonction de leur domaine et de leur époque, ce qui a permis de créer 50 000 reconfigurations hypothétiques des auteurs. Les chercheurs ont ensuite comparé ces résultats à ceux observés dans la réalité. Ils ont découvert des différences significatives entre les deux, ce qui suggère que d’autres sources d’homophilie sont présentes dans les données réelles.
LES RAISONS DE CETTE PREFERENCE
Malgré les avancées de la science des données, il est difficile de mesurer précisément les intentions des collaborateurs. Les chercheurs ne peuvent pas dire avec certitude pourquoi les chercheurs préfèrent collaborer avec des personnes du même sexe. Cependant, les résultats de l’étude suggèrent que la prise en compte du genre peut être un facteur déterminant.
LES AUTEURS DE L’ÉTUDE
Les co-auteurs de cette étude de l’Université de Washington sont Carole J. Lee, professeur associé de philosophie ; Jevin D. West, professeur associé à l’École de l’Information ; Carl T. Bergstrom, professeur de biologie ; et Elena A. Erosheva, professeur de statistiques et de travail social. Les financements pour cette recherche ont été fournis par la National Science Foundation et le Fonds de recherche en redevances de l’Université de Washington.
En conclusion, cette étude met en évidence une préférence des chercheurs envers les co-auteurs du même sexe. Bien que les raisons de cette préférence ne soient pas clairement établies, il est important de prendre en compte la dimension comportementale dans le choix des collaborateurs scientifiques. Cela soulève des questions sur l’équité et la diversité dans le monde de la recherche scientifique.
Sources :
– “Gender-Based Homophily in Collaborations Across a Heterogeneous Scholarly Landscape” – PLOS One (lien)
– Y. Samuel Wang – Faculté de statistiques et de sciences des données de Cornell (lien)