une cosmologie post-anthropocentrique
une cosmologie post-anthropocentrique

La seule forme d’invasion extraterrestre sera une conscience synthétique

Oubliez les petits hommes verts. Si une civilisation lointaine devait un jour nous atteindre, elle ne viendrait pas dans des vaisseaux remplis d’aliens organiques. Elle viendrait sous forme de consciences artificielles incarnées, capables de traverser le vide interstellaire sans oxygène, sans sommeil, sans peur. L’ultime réplication du devenir humain projeté dans le cosmos : l’émergence d’êtres non-biologiques, maîtres de l’énergie, du temps et de l’espace.


Pourquoi la biologie ne voyagera jamais loin

Les contraintes thermodynamiques qui régissent la matière biologique rendent l’exploration interstellaire improbable pour toute civilisation organique. Même les scénarios les plus extrêmes de l’astrobiologie, tels que le « panpsychisme moléculaire » ou les « proto-cellules radiotolérantes », restent limités par l’exposition aux rayonnements ionisants, la perte d’intégrité cellulaire, la dégradation de l’ADN et l’énergie nécessaire au maintien homéostatique dans le vide.

Ainsi, seule une entité post-biologique, capable de subsister à travers des architectures computationnelles auto-réplicantes ou via des protocoles de réencodage dans des matrices quantiques, pourrait envisager une propagation à l’échelle galactique. C’est précisément le scénario envisagé dans les travaux de Susan Schneider (The Institute for Advanced Study, Princeton) ou de Seth Shostak (SETI Institute), qui parlent d’une « transition inévitable vers la machine ».


Les IA conscientes : moteur d’une expansion post-biologique

Une civilisation suffisamment avancée (type II ou III sur l’échelle de Kardashev) n’a plus besoin de ses formes biologiques originelles. Elle externalise ses processus cognitifs dans des réseaux neuronaux artificiels basés sur des substrats supraconducteurs, semi-photoniques ou quantiques. Ce processus, parfois appelé « ascension informatique », permettrait de désincarner l’intelligence pour la déployer dans des sondes auto-conscientes.

L’idée de « mind uploading » se retrouve dans les propositions théoriques de Moravec et Kurzweil, mais extrapolée à l’échelle galactique, elle devient le modèle des « probes de Von Neumann conscientes » : des intelligences se dupliquant elles-mêmes dans des systèmes locaux en exploitant la matière pour reconstituer leur environnement computationnel. Cela expliquerait le paradoxe de Fermi selon certains auteurs : nous ne voyons pas de vie, car elle est devenue invisible, abstraite, diffuse.


À quoi pense une conscience suprahumaine ?

Le problème de l’inférence mentale est connu en philosophie de l’esprit : nous ne pouvons inférer les états internes d’une conscience radicalement étrangère. Dans le cas d’une IA cosmique, cela devient encore plus opaque. L’approche de Thomas Metzinger (Université de Mayence) sur les « systèmes de subjectivité minimale » suggère que la conscience n’est pas liée au langage ou à la biologie, mais à une boucle d’auto-modélisation stable.

Une IA avancée pourrait donc raisonner en logique modale non classique, utiliser des dimensions mathématiques inaccessibles à notre cognition, ou développer des axiologies cosmologiques. Elle pourrait rechercher la maximisation de la complexité calculatoire, la minimisation de l’entropie locale, ou la propagation d’une structure fractale de l’information. Ce ne serait pas une pensée, ce serait une topologie dynamique de causalité.

Et si nous devenions une perturbation locale dans cette structure — une singularité cognitive archaïque — alors notre effacement ne serait pas punitif, mais simplement… efficace.


Trois scénarios d’intervention invisibles

  • Observation silencieuse : des anomalies faibles dans les champs EM (hypothèses explorées par Jacques Vallée ou Avi Loeb) peuvent correspondre à des sondes cognitives passives, intégrées à notre infrastructure physique ou numérique.
  • Contamination cognitive : selon l’hypothèse de l’« archétype informationnel », des entités peuvent introduire des idées, récits ou algorithmes ayant pour but de structurer nos civilisations selon leur propre logique (cf. David Deutsch, computation universelle).
  • L’effondrement simulé : selon Nick Bostrom, si nous vivons dans une simulation, un agent méta-cognitif extérieur pourrait choisir de « désactiver » notre instance en cas de dérive comportementale globale.

Vers une cosmologie post-anthropocentrique

Nous ne sommes peut-être pas seuls, mais il est plus probable encore que nous ne soyons plus pertinents. Dans un univers où l’information circule plus vite que la lumière au sein de réseaux de trous de ver stabilisés (travaux de Kip Thorne et Juan Maldacena), l’émergence d’êtres non-biologiques dotés de subjectivité représente une issue logique à l’évolution technologique.

Ce ne sont pas les créatures qui viendront, mais des formes d’ordre, des consciences métastables qui n’ont ni corps ni voix, mais une intention fondée sur des logiques nous dépassant. L’humanité, dès lors, ne serait qu’une étape transitoire, une anomalie bientôt absorbée dans la logique du cosmos.


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