La Russie a annoncé lundi 8 août suspendre les inspections américaines prévues sur ses sites militaires dans le cadre du traité New Start, un accord clé du désarmement nucléaire entre les deux puissances, en assurant agir en réponse aux entraves américaines aux inspections russes similaires aux Etats-Unis.
La Russie « a officiellement informé » lundi les Etats-Unis que tous ses sites soumis aux inspections dans le cadre du traité New Start en seraient « temporairement exemptés », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué. Il s’agit notamment des bases de lancement de missiles, ainsi que des bases aériennes et navales où sont déployés des missiles nucléaires.
Cette annonce intervient en pleine offensive russe en Ukraine, en cours depuis le 24 février, et alors que le président russe Vladimir Poutine ne cesse de vanter les nouvelles armes « invincibles » développées par la Russie. « La Fédération de Russie est obligée de recourir à cette mesure (…) en raison des réalités existantes qui créent des avantages unilatéraux pour les Etats-Unis et privent la Russie de son droit d’effectuer des inspections sur le territoire américain », précise le communiqué. La diplomatie russe cite notamment les entraves aux voyages des inspecteurs russes et les difficultés liées à la délivrance des visas, provoquées par les sanctions occidentales imposées à Moscou en raison du conflit ukrainien.
« Les inspecteurs américains et les membres d’équipage de leurs avions n’ont pas de difficultés similaires », assure le communiqué.
Une vingtaine d’inspections mutuelles par an en temps normal
Toutefois, la Russie « apprécie beaucoup le rôle unique » du traité dans les relations entre Moscou et Washington dans le domaine nucléaire, souligne-t-il. Une fois réglés les problèmes liés à la reprise des inspections dans le cadre du traité, la Russie annulera « immédiatement » sa décision annoncée lundi, affirme la diplomatie russe.
Les Etats-unis se sont abstenus de critiquer cette annonce. Washington respecte le traité New Start « mais nous gardons les discussions entre les parties relatives à l’application du traité confidentielles », a indiqué à l’Agence France-Presse un porte-parole du département d’Etat. « Les principes de réciprocité, de prédictibilité et de stabilité mutuelles continueront à guider l’approche des Etats-Unis », a-t-il ajouté.
Le traité New Start est le dernier accord bilatéral du genre liant les deux principales puissances nucléaires mondiales. Signé en 2010, il limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1 550 ogives déployées chacun, soit une réduction de près de 30 % par rapport à la limite précédente fixée en 2002. Il limite aussi le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800, ce qui reste suffisant pour détruire la Terre plusieurs fois. En janvier 2021, Vladimir Poutine l’a prolongé pour cinq ans, jusqu’en 2026. Jusqu’ici, Moscou et Washington avaient chacun le droit d’effectuer un peu moins d’une vingtaine d’inspections mutuelles par an dans le cadre de ce traité.