La deuxième cryptomonnaie mondiale vient de franchir avec succès une transition d’une incroyable complexité technique : passer du système « preuve de travail » (à forte consommation énergétique) à celui, plus économe, de la « preuve d’enjeu ». L’affaire était loin d’être gagnée…
Faire muter Ethereum… Ce projet titanesque vient de franchir une étape majeure, appelée « The Merge ». Pour rappel, Ethereum est la 2e cryptomonnaie la plus répandue. L’ambition posée était de faire évoluer cette monnaie depuis son modèle originel à « preuve de travailpreuve de travail » à celui de la « preuve d’enjeupreuve d’enjeu ». Quelques explications.
Un nouveau modèle moins énergivore
Dans le contexte de la « preuve de travail », inaugurée par Bitcoin, des dizaines de milliers d’ordinateurs sont en compétition en vue de résoudre un calcul de validation d’une transaction. Ce modèle a souvent été critiqué pour son hyper-consommation énergétique, quand bien même des solutions ont été trouvées ici ou là pour l’alléger. Par ailleurs, ce modèle, notamment dans le cadre d’Ethereum, a engendré des frais de « gas » (ce que l’on paye pour la validation d’une transaction) réellement excessifs.
La « preuve d’enjeu » est un modèle dans lequel la validation est effectuée par un très petit nombre d’intervenants choisis selon divers critères, généralement leurs investissements dans une monnaie, mais pas seulement. Il en résulte une consommation énergétiqueconsommation énergétique fortement réduite (dans le cas d’ETH, le passage à la preuve d’enjeu rend le traitement de cette monnaie de 100 à 1.000 fois moins énergivore.
Une mutation homérique
Vitalik Buterin, le créateur de Ethereum a entrepris de mettre sur pied cette métamorphosemétamorphose dès 2014, en définissant toute une série d’étapes. Factuellement, cette mutation a commencé à se concrétiser depuis de nombreux mois. Des explications techniques plus détaillées sont disponibles dans notre article « Ethereum 2.0 : pourquoi cette mise à jour est cruciale pour Ethereum ».
Si la tâche était loin d’être aisée, c’est qu’il fallait faire en sorte que la transition puisse se faire de manière imperceptible pour les utilisateurs de cette monnaie. Or, Ethereum n’est pas juste une monnaie, c’est un véritable écosystèmeécosystème de développement qui sous-tend :
- un grand nombre d’autres monnaies fondées sur ce modèle ;
- les principales applicationsapplications de la DeFiDeFi ou finance décentralisée notamment des systèmes de prêts, de placements, d’assurances innovants ;
- la majorité des NFT ;
- et même des métaverses tels que The Sandbox.
Il fallait donc que la transition puisse s’opérer de façon fluide sans mettre à mal l’intégralité de cet écosystème qui fonctionne en temps réel.
Changer le moteur d’un avion en plein vol
La phase appelée « The Merge » était la plus importante car c’est celle qui devait matérialiser le passage effectif à la preuve d’enjeu. Le nom « The Merge » (la fusionfusion) n’est pas anodin car le mode classique (à preuve de travail) d’Ethereum continue d’exister en parallèle aux nouvelles formes d’ETH à preuve d’enjeu (et regroupées sous le nom de Beacon Chain).
Ainsi, « The Merge » a réussi, sans la moindre anicroche recensée à l’heure où sont écrites ces lignes. Oui, Ethereum est devenu une monnaie à preuve d’enjeu et il s’agit, dans l’universunivers crypto d’un précédent historique. Un YoutubeurYoutubeur a usé de cette métaphore : « Imaginez de changer le moteur d’un avion en plein vol ! »
Ce que cela va changer pour ceux qui ont de l’ETH
Qu’en est-il pour ceux qui ont de l’ETH ? Les nouvelles sont plutôt bonnes, mais plutôt sur le long terme.
- Le traitement des transactions est devenu un peu plus rapide, mais ce facteur sera avant tout perceptible d’ici quelques mois.
- Les frais de « gas » n’ont pas encore chuté et il faudra attendre d’autres mises à jour pour que ce soit sensible, mais à terme, ils seront très fortement réduits.
- Le nombre d’ETH produits va être réduit, ce qui est en mesure de faire monter son cours. Sachez cependant que les ETH achetés sur cette nouvelle chaîne sont « stakés » (bloqués) durant une période qui devrait durer encore un an environ.
Un pari réussi
Seuls les experts de la cryptomonnaie sont à même de prendre la mesure de l’exploit technologique accompli. Il n’est pas exagéré de qualifier cette mutation d’œuvre d’une équipe de génies. Vitalik Buterin, qui dirige l’Ethereum Foundation et qui n’a encore que 28 ans, réaffirme au passage son statut de sommité de la cryptomonnaie.