Publié le :
C’est dans ta nature fête les morts avec quelques jours d’avance. Que font les animaux face à la mort ? En ont-ils conscience ? Certains comportements observés, en particulier chez des éléphants, montrent que la mort d’un des leurs ne les laisse pas indifférents.
C’est un mythe. Le cimetière des éléphants, un endroit où les pachydermes se retrouvent pour mourir, est né de l’imagination d’explorateurs européens du XIXe siècle, en Afrique, découvrant des tas de squelettes d’éléphants. « Au fur et à mesure, on s’est rendu compte que ces cadavres n’avaient plus de défense, et on sait aujourd’hui que les éléphants ont été extrêmement chassés, rappelle Emmanuelle Pouydebat, directrice de recherche au Museum national d’histoire naturelle, à Paris. Tous ces squelettes rassemblés au même endroit étaient tout simplement le fruit d’une chasse très forte dont sont victimes les éléphants. Rien qu’en Afrique, on comptait plus de 4 millions de pachydermes au début du 20e siècle, il n’y en a aujourd’hui plus que 400 000. Le cimetière des éléphants est donc bien une légende. Malheureusement, parce que l’historie était jolie… »
Mais le rapport à la mort du plus imposant des mammifères terrestres reste particulièrement remarquable dans le monde animal. « Les éléphants adoptent des attitudes assez impressionnantes lorsqu’ils croisent le cadavre d’un de leurs congénères, décrit Emmanuelle Pouydebat, auteure de plusieurs ouvrages consacrés aux comportements animaux, dont le dernier sorti cette semaine s’intitule Sexus animalus, tous les goûts sont dans la nature (Arthaud). Il s’agit de comportements qu’on voit rarement dans le monde animal. Ils vont renifler le cadavre, ils vont le pousser avec leurs pattes, ils vont vraiment l’explorer. En particulier les défenses, qui sont propres à chaque individu, et qui sont utilisées par les éléphants pour se reconnaître entre eux. » Ni fleur ni couronne, mais on a parfois observé des éléphants recouvrir un défunt de feuilles et de branchages.
Comprendre ce qu’il s’est passé
Chez les chimpanzés aussi, la mort d’un des leurs suscite des réactions inhabituelles. « Ils vont avoir tendance à explorer le corps de l’individu, à lui faire faire des mouvements, à soulever un bras et voir qu’il retombe, comme s’ils essayaient de comprendre ce qu’il s’est passé. » On a vu aussi des chimpanzés faisant la toilette d’un congénère sur son lit de mort. Une couche où aucun individu n’est venu dormir après.
Pas de rite funéraire non plus pour les abeilles, mais les pompes funèbres sont à l’œuvre : chaque fois qu’un individu meurt, une ouvrière est chargée de repousser son corps à l’extérieur. Une mesure sanitaire. C’est la même histoire chez les fourmis, dont certaines espèces vont jusqu’à enterrer leurs morts. Voire se livrent à du cannibalisme. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs dans un ancien bunker soviétique, en Pologne. Des fourmis, tombées dedans par un conduit d’aération, s’y retrouvaient piégées, tout en survivant pendant des années, par millions. Parce qu’elles se nourrissaient de leurs congénères décédés.
« On ne peut pas parler de rites funéraires »
Des cas de nécrophilie ont même été observés chez des corneilles, un oiseau que la culture occidentale associe d’ailleurs à la mort. Certains individus ont été vus tentant de se livrer à un acte sexuel sur un cadavre. Plus fréquemment, les corneilles prennent l’habitude de se rassembler autour d’un congénère décédé. Est-ce une forme de recueillement ? Plutôt, en réalité, une manière d’identifier un danger.
Il est en effet tentant de voir chez l’animal un miroir de l’espèce humaine, mais les chercheurs, à l’image d’Emmanuelle Pouydebat, veulent éviter tout anthropomorphisme. « Pour certains individus confrontés à la mort d’un des leurs, et chez certaines espèces, il semble qu’il y ait une vraie interrogation, une exploration pour comprendre ce qu’il s’est passé. Ils sont probablement conscients qu’un changement s’est opéré. Mais ont-ils une conscience de la mort ? Difficile à dire. Et parler de rites funéraires, je n’en suis pas sûre… » La mort, le deuil, restent un mystère.
C’est l’été en France ?
Avec des températures d’août ces jours-ci, c’est le mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré en France : 3,3 à 3,5 degrés de plus en moyenne par rapport aux normales, un écart encore plus élevé que celui mesuré cet été. Et voilà que des plantes refleurissent ; elles se croient en fait au printemps. On a vu des marronniers en fleur au Bois de Vincennes à Paris, on a récolté des fraises et des tomates. Dans le sud, on a entendu des cigales chanter, et des vignes produisent de nouvelles feuilles. Une anormalité qui pourrait se payer, même si les scientifiques manquent encore de recul. Les plantes se fatiguent pour rien, parce que les gelées finiront par arriver. Et à terme, ce serait moins de fruits, moins de graines et moins de plantes.