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Des oiseaux, des renards et des avions

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L’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle accueille en moyenne 250 000 avions par an et plus de 530 espèces de plantes et d’animaux. Reportage près des pistes du plus grand aéroport de France, à la rencontre d’une biodiversité parfois inattendue. 

Un gros oiseau de fer passe presque au-dessus de nos têtes. C’est un avion d’Air France, à 100 mètres du sol, tout près d’atterrir à l’aéroport de Roissy, Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), au nord de Paris, dans un vacarme assourdissant. On ne s’entend plus, à 300 mètres à peine de la piste. Mais quelques secondes plus tard, le silence (toute proportion gardée) est là, et c’est un autre oiseau qu’on entend. « C’est un pic-vert qui rigole comme ça, note Nicolas Croizé, ornithologue pour AéroBiodiversité, une association qui défend et recense la biodiversité dans les aéroports français. On peut entendre comme maintenant des moments d’accalmie où les oiseaux vont être capables de chanter, et donc de s’identifier, de retrouver leurs jeunes, de former des couples… S’ils sont ici, c’est qu’ils s’y sont adaptés et qu’ils y sont bien. »

Les aéroports, d’où décollent et où atterrissent les avions émetteurs de 3% des émissions mondiales de CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique, peuvent paradoxalement abriter une riche biodiversité. À CDG, on a déjà compté plus de 530 espèces végétales et animales, et donc pas mal d’oiseaux. « Je crois qu’en face il y a l’épervier », qui s’est envolé quand on l’a regardé. Autour de nous, en contrebas de la piste, de la prairie, des plantes, des arbres, et un immense bassin récupérateur des eaux de pluie qui tombent sur le tarmac. En ce matin de septembre, le niveau de l’eau est au plus bas, sécheresse oblige. Mais au loin, quelques canards barbotent. « Là-bas, près de la berge, ce sont principalement des canards colvert, décrit Nicolas Croizé. Au milieu, beaucoup plus petits, ce sont des grèbes castagneux, ce sont ceux qu’on voit plonger. » « Ah, on a eu une nidification de l’autre côté », lui répond Emmanuel Vesval, référent environnement à l’aéroport de Roissy.

Nids d’oiseaux

Plusieurs nids de différentes espèces d’oiseaux ont été observés depuis le printemps. « Qu’il y ait de la reproduction, c’est intéressant, souligne Nicolas Croizé. Ça veut dire que les oiseaux ne sont pas seulement de passage et qu’ils vont y passer toute la saison, donc qu’il y a de quoi s’alimenter, de quoi se reposer, de quoi faire un nid. » « Quand vous voyez des cigognes, ça peut surprendre ! Comme on a une partie humide, avec de l’eau, au niveau migratoire on peut avoir beaucoup d’oiseaux qui viennent entre novembre et février », précise de son côté Emmanuel Vesval.

Les naturalistes d’AéroBiodiversité effectuent des visites régulières dans des zones où on ne pénètre que sur autorisation spéciale. « On se déplace trois fois par an sur les aéroports, explique Nicolas Croizé. On vient en avril, en juin et en septembre. Le but de notre venue, c’est de faire l’inventaire de toutes les espèces qu’on va pouvoir retrouver sur la plateforme. » Ils sont les bienvenus. Au conseil d’administration d’AéroBiodiversité siègent les patrons des aéroports parisiens, soucieux de présenter une autre image que celle véhiculée par les plateformes aéroportuaires : pollution, nuisances sonores… « Sur les 3 800 hectares de plateforme à Roissy, on a quand même 1 200 hectares de prairies aéronautiques, assure Emmanuel Vesval. On ne peut pas dire qu’elles sont polluées puisqu’on a beaucoup d’espèces qui y vivent. On a une biodiversité qui est tout de même assez impressionnante. »

Un renard en bord de piste

On est descendu un peu plus bas encore. Un petit ruisseau coule au milieu de saules. Les oiseaux reprennent leur chant dès qu’un avion est passé. Oiseaux et avions ne font pourtant pas bon ménage. « Ce qui va poser problème, c’est surtout la quantité, le nombre d’oiseaux qui vont se retrouver au même moment au même endroit, explique Meriem Methlouti, chargée d’études naturalistes pour AéroBiodiversité. Et c’est pour cela que les effaroucheurs essaient de les éloigner quand un avion s’approche de la piste. Sur certains aéroports, des rapaces sont dressés, mais pas à Charles-de-Gaulle. » « En général, ce sont des gens, formés, avec des véhicules, qui émettent des sons d’oiseaux, par exemple, ou qui tirent au fusil en l’air, pour que les oiseaux s’envolent de la piste. C’est à la fois pour éviter les accidents avec les avions, mais aussi pour limiter l’impact des avions sur les oiseaux, pour éviter qu’ils tuent des oiseaux lors de collision », complète Nicolas Croizé.

Mais il n’y a pas que des oiseaux à CDG. On peut aussi croiser des mammifères, des lapins par exemple, que le voyageur, à travers le hublot, aperçoit parfois gambader dans la prairie que longe la piste, indifférent au bruit effrayant de l’avion. « On n’en voit pas autant qu’il y a des années, relève pourtant Emmanuel Vesval. On a l’impression que ça se régule tout seul, parce qu’on n’a pas de maladies, on n’a pas de tout ça...» Le régulateur justement, on l’a aperçu ce matin. Une patrouille de gendarmes en voiture s’arrête à notre hauteur. « Vous avez vu du renard aujourd’hui ?, leur demande Emmanuel Vesval. J’ai vu l’effaroucheur côté sud, apparemment, ils annonçaient un renard en bord de piste. »

Un tiers de la surface de l'aéroport est composé de zones végétales.
Un tiers de la surface de l’aéroport est composé de zones végétales. © F.GUIGNARD / RFI

Une salade et une infusion

La promenade se prolonge jusqu’à l’extrémité est de la plateforme aéroportuaire et prend des airs bucoliques. Le chant d’une bergeronnette grise. Le cri de corneilles. Des orties. Des baies d’églantiers, si rouges en cette veille d’automne. « C’est le gratte-cul ! C’est le poil à gratter !, rigole Meriem Methlouti, botaniste. On les mange en confiture. On a trouvé de la verveine et de la camomille, on peut se faire une petite infusion. Là il y a de la tomate sauvage, la morelle, et puis il y a de la mâche, du panais, de la carotte…» « On pourrait presque faire une salade au niveau de la plateforme, avec tout ce qu’on a en plantes ! », conclut dans un sourire Emmanuel Vesval. On entend encore un avion atterrir. On ne les compte plus. On se croirait presque à la campagne.

 

« Est-ce que les poissons boivent la tasse ? »

La bouche ouverte, les poissons boivent la tasse en permanence. Et cette eau de mer, c’est par leurs branchies qu’ils la rejettent. En mer, ça ne manque pas de sel, et les poissons ont les reins particulièrement solides pour évacuer tout ça. Sans connaître la sensation de soif ; pour les poissons, c’est boisson à volonté. En fait, ils boivent comme on respire.

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Written by Milo

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