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Amandine Buchard, l’alchimiste du judo


Sans détour, elle vise l’or. Le titre mondial en Ouzbékistan cet automne, puis l’or olympique à Paris en 2024. « J’ai été championne d’Europe, deux fois médaillée mondiale en bronze et vice-championne olympique en individuel », liste sans chichi Amandine Buchard, alias Bubuche. Un palmarès de judoka déjà conséquent qu’elle veut, à 27 ans, compléter par pure gagne. « J’adore me lancer des défis et j’ai l’esprit de compétition depuis que je suis née, précise-t-elle dans un large sourire. C’était le cas à l’école, lorsque je jouais à la PlayStation avec mon père ou encore au foot en bas de ma cité. »

Alors, cet été, pour gagner… elle ne va pas hésiter à aller dormir à l’Hôtel-Dieu avec un casque et des capteurs sur la tête pour comprendre pourquoi elle a des problèmes de sommeil. Mal dormir « peut être un gros facteur de blessure », explique-t-elle. « On va pouvoir me dire quoi faire si à tel moment de ma nuit je me réveille. Je suis toujours partante pour ce genre d’expérience, poursuit-elle. Tout peut m’aider, ne serait-ce qu’un petit détail. Car, parfois, les petits détails font la grande différence. » Amandine et son entourage en appellent à la science pour peaufiner son très haut niveau d’athlète. Mais ce n’est pas qu’une démarche personnelle.

Voici quatre ans, à Montpellier, accompagnée de six membres de l’équipe de France féminine, elle s’est pliée à un exercice mémorable. « On a eu de grosses séances de simulation de compétition : une surface unique, une succession d’adversaires choisis avec des profils particuliers qui nous embêtaient », se souvient la judoka. En fait, pour éprouver l’endurance des athlètes, leurs adversaires changeaient toutes les deux minutes, à mi-parcours des combats. Ceux-ci étaient espacés de quinze minutes, le temps de se reposer – un peu – mais aussi de faire des analyses de force de préhension des mains et des examens sanguins.

Derrière ce scénario minutieusement préparé, un binôme constitué du préparateur physique national Frédéric Roualen et du scientifique Sébastien Ratel, enseignant-chercheur en physiologie de l’exercice. Celui-ci explique : « Un combat se gagne ou se perd dans sa seconde moitié, nous voulions tester par l’intensité des rencontres la fatigabilité des judokas. » De fait, trois d’entre elles, dont Amandine, seront, à la suite de cette expérience, médaillées individuellement aux Jeux olympiques (JO) de Tokyo, une autre deviendra championne du monde.

Mise en place d’un « système tampon »

Les résultats de cette recherche, présentés le 12 juillet à la Fédération française de judo, et publiés le 26 juillet dans l’International Journal of Sports Physiology and Performance, décrivent une équipe féminine capable « de maintenir un niveau de force entre 82 % et 88 % après le 4e combat intense, ce qui est exceptionnel », poursuit le scientifique. L’étude démontre notamment que, pendant cet effort, les athlètes réussissent à garder un équilibre sanguin acido-basique – mesuré par le pH – quasi constant. Pour les amateurs de chimie, cela signifie que leur métabolisme met en place un « système tampon » – le sang s’acidifie très peu –, à l’aide d’ions bicarbonates qui captent les protons. Durant les combats simulés de Montpellier, malgré le quintuplement de la concentration sanguine en ions lactates, ceux-ci ne se sont que très peu transformés en acide lactique, donc en potentielle fatigue musculaire.

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Written by Milo

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