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Des singes bien outillés – C’est dans ta nature



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Une équipe de primatologues a observé au Congo-Brazzaville une première mondiale chez des gorilles : la frappe à mains nues. Les singes, nos cousins, sont capables d’utiliser de nombreux outils.

C’est un geste qui peut vous paraître anodin : frapper deux pierres l’une contre l’autre. Mais ça l’est moins quand il s’agit de gorilles. C’est une première mondiale qu’a observé une équipe de scientifiques conduite par la primatologue Shelly Masi dans le parc national de Nouabalé-Ndoki au Congo-Brazzaville. Leur découverte a été publiée le mois dernier dans la revue Nature et apporte un regard supplémentaire sur l’utilisation d’outils par les singes.

C’est une découverte presque par hasard. En étudiant l’alimentation des gorilles en milieu naturel, en l’occurrence la forêt congolaise, les primatologues se sont rendus compte que deux jeunes gorilles utilisaient une technique inédite pour se nourrir de termites. « Au lieu de frapper un morceau de termitière contre la main pour faire sortir les termites, et les manger, ils ont pris deux morceaux de termitière, l’un dans chaque main, avant de les frapper l’un contre l’autre, raconte Shelly Massy, qui travaille pour le museum national d’Histoire naturelle et le musée de l’Homme à Paris. On appelle ça “la frappe à mains nues”. »

L’âge de pierre

Après la frappe à main nue, dans l’histoire de l’humanité, nos ancêtres ont ensuite acquis « la frappe à percussion », la capacité de produire des éclats de pierre, pour fabriquer des outils, des armes… « C’est un geste clé dans l’évolution de l’humanité », souligne Shelly Masi. L’être humain entrait alors dans l’âge de pierre, une étape décisive dans sa conquête de la planète. Alors, quand deux singes accomplissent la frappe à mains nues, ce petit geste de la main est-il un grand pas pour l’humanité des gorilles ? Non, ce n’est pas demain la veille que le plus grand singe africain passera à l’âge de pierre comme ses cousins humains. « Il faudrait des milliers d’années d’évolution », relève Shelly Masi.

L’utilisation d’outils chez les gorilles a d’ailleurs été rarement observée, pour une raison qui saute yeux chez un animal qui peut peser jusqu’à 250 kilos. « Ce sont les plus grands singes qui existent, donc ils utilisent davantage leur force et leur puissance pour détruire. Ce n’est pas une limite cognitive, c’est juste qu’ils n’ont pas l’utilité de le faire. Les chimpanzés, plus petits, utilisent par exemple la technique fine de “la canne à pêche” pour entrer dans les termitières et “pêcher” les termites. »

La boîte à outil des chimpanzés

Les chimpanzés, nos plus proches cousins, utilisent une quarantaine d’outils. Au Sénégal, pour chasser, ils fabriquent des lances affûtées en mâchouillant l’extrémité d’une branche. Ils se servent aussi d’éponge naturelle pour récupérer l’eau. Mais tous les chimpanzés n’utilisent pas tous les mêmes outils. « Les chimpanzés de Côte d’Ivoire utilisent des pierres pour casser les noix. Les chimpanzés en Ouganda ont les mêmes noix, les mêmes pierres dans la forêt, mais n’utilisent pas les pierres pour casser les noix ; on pense que c’est vraiment une culture différente. »

Les scientifiques ont constaté que l’héritage génétique n’intervenait pas dans l’utilisation d’outils, en tout cas chez les mammifères. « Quand un geste est efficace, les autres individus peuvent observer ce geste, voir qu’il a des avantages, et donc le copier, explique Shelly Masi. Ce sera la base pour le développement d’une culture. Il peut donc y avoir ce qu’on appelle un apprentissage social par imitation d’un autre individu. »

Des singes médecins

Les primates ont de nombreux outils à leur arc. On a par exemple observé des orang-outangs et des gorilles traverser une rivière en s’aidant d’un bâton, pour voir s’ils avaient pied, comme le ferait un humain. Au Gabon, des scientifiques ont vu des chimpanzés, encore eux, attraper un insecte volant et l’appliquer sur une blessure, ce qui démontre « la capacité de comprendre que cet insecte peut peut-être relâcher des substances analgésiques pour la plaie. Il y a d’autres exemples chez des chimpanzés qui utilisent des feuilles et les appliquent sur les blessures », précise Shelly Masi. Ici l’outil est une feuille ou un insecte et le singe un médecin.

« Seuls les singes utilisent des outils dans le monde animal ? »

Non, l’utilisation d’outils a été observée chez plus d’une centaine d’espèces d’animaux. Les oiseaux sont particulièrement habiles, comme les corbeaux, très intelligents, capables de fabriquer un crochet avec un fil de fer pour attraper de la nourriture ou de laisser tomber une noix sur la route, pour que les roues d’une voiture brisent la coque ; quand le feu passe au rouge, le corbeau se pose sur la chaussée et va manger la noix. Le cacatoès lui joue du tambour avec une baguette pour attirer la femelle. Chez les insectes, citons le cas d’une chenille qui se fabrique une espèce d’abri avec une feuille découpée pour pouvoir grignoter son repas à l’abri des regards des prédateurs. Chez les mammifères, des dauphins protègent leur museau d’une éponge pour ne pas se blesser en fouillant le fond marin. Mais revenons à nos singes, décidément pleins de ressources : des orangs-outans utilisent des morceaux de bois pour se masturber.
 

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Written by Milo

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