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Dans la nature comme à Disney


J’ai tenté ma chance le matin, le midi, le soir. Armée de jumelles et d’espadrilles sur la grève escarpée, sculptée par les marées.

Ma chance viendra, j’en suis certaine. Je vois leurs photos plusieurs fois par semaine sur la page Facebook de notre petite île du sud de la Colombie-Britannique.

De véritables vedettes mondiales, ces épaulards du J-Pod, surtout depuis qu’une femelle a porté la dépouille de son veau pendant 17 jours en 2018. Ils sont menacés, suivis, étudiés. On a même fermé la pêche au saumon dans le secteur pour leur donner un coup de pouce.

Et pourtant, encore une fois, ils m’ont fait faux bond. 

Peut-être ont-ils voulu me rappeler que malgré mes efforts, je continue à manquer de patience.

Une business

Il s’agirait de me rendre à Vancouver ou à Victoria, de débourser 149 $, et j’aurais la garantie de voir des rorquals et des baleines à bosse, toutes plus majestueuses les unes que les autres.

Mais voilà, depuis que je m’intéresse aux épaulards du J-Pod, je m’y refuse.

Pourquoi faut-il que l’on consomme les beautés de nos paysages et de notre faune comme si on était à Disney ?

Un p’tit 59 $ pour les bélugas, un autre 85 $ pour les phoques en kayak, émerveillement garanti ! 

On s’émeut de leur beauté paisible, de leur force tranquille, de leur combat de tous les instants pour leur survie, et pourtant, on s’obstine à aller les déranger pour avoir la garantie de les voir de près. Finie l’époque où on avait la patience de les attendre.

Véritable industrie, l’écotourisme a su mettre à profit notre quête d’émotions fortes assurées au moment choisi.

Mais ce faisant, on passe à côté de l’essentiel.

Contempler

Notre pays est parmi les plus riches du monde en termes d’accès aux splendeurs de la nature. 

L’histoire de ces lacs, ces rivières, ces forêts, l’histoire de ces caribous, ces saumons et ces castors coulent dans nos veines. Et pourtant on a cessé de les aimer avec tout le respect qu’ils méritent.

On les consomme, pour acheter la sainte paix lors de nos trop rares congés.

Le débat sur la survie du caribou forestier en fait foi. 

On aime bien aller les voir en haut du mont Jacques-Cartier, en Gaspésie. On les trouve dignes, attendrissants. Ils sont chanceux, ils vivent dans un parc national.

Mais pas question de dépenser des millions pour sauver les autres. 

Ce serait de la folie de reboiser les chemins de coupe qui les rendent vulnérables aux loups et autres prédateurs. Et il ne faudrait surtout pas nuire à l’industrie forestière qui fait battre le cœur économique de nos régions.

Il est tellement plus facile de s’émouvoir pour les chevreuils de Longueuil. Ça ne coûte pas cher.

Et cette forêt boréale… Au lieu de parcourir ses sentiers en accumulant les kilomètres comme des trophées, si on prenait la peine de la regarder, la sentir, tenter de la comprendre ?

On achète bien des guides touristiques avant d’aller en Europe, imaginez si on achetait des guides sur la faune et la forêt avant la prochaine excursion.

Car si on se donnait la peine de comprendre la beauté et la complexité de nos grands espaces, peut-être que nous serions plus enclins à faire le nécessaire pour leur survie.

C’est aussi ça, la lutte contre les changements climatiques. Et en plus, c’est un baume sublime pour l’âme.



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Written by Stephanie

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