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la nébuleuse d’Orion dans le viseur


Le 10 septembre débutera pour le télescope spatial James-Webb le dernier de ses treize programmes « précoces », qui comprendra en tout environ cinq cents heures d’observations immédiatement mises à disposition de la communauté. Pour le programme ERS 1288, la fin d’une attente de plusieurs mois. « Ça met un peu la pression, car n’importe qui pourra faire des analyses en même temps que nous sur les données reçues. Mais nous sommes prêts et confiants dans le fait qu’on ne sera pas pris de vitesse par des équipes concurrentes », rassure Olivier Berné, chercheur CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie à Toulouse, responsable de ce programme prioritaire, le seul dirigé par un Français.

La grande nébuleuse d’Orion, également connue sous le nom de M42.

Il faut dire que, depuis six ans, la collaboration des 17 pays et plus de 100 personnes qu’il dirige avec Emilie Habart (Paris-Saclay) et Els Peeters (University of Western Ontario au Canada) se prépare. En 2016, une première réunion internationale a lieu pour fédérer les spécialistes des nébuleuses, ces nuages de gaz et de poussières au sein desquels les étoiles naissent, meurent, donnent naissance à de nouvelles étoiles, puis à des planètes… « On était des outsiders par rapport à beaucoup d’autres projets, car le télescope a d’abord comme objectifs les objets très lointains et les exoplanètes. Or nous visions des objets proches, si brillants que certains pensaient que ça pourrait saturer les capteurs des instruments », décrit Olivier Berné, qui songe à cette mission depuis la fin de sa thèse, en 2008. Après des mois de travail, en 2017, la candidature est envoyée parmi cent autres. Et, à l’automne, la réponse est positive : ils sont dans les treize lauréats, aux côtés des exoplanètes, des galaxies lointaines, du ciel profond…

A ce moment, ils n’ont pas encore sélectionné leur cible. Ils songent d’abord à la nébuleuse de la Carène, dont les images seront parmi les premières à être révélées par le télescope. « Elle était trop loin pour nos objectifs scientifiques, explique Olivier Berné. En voyant la qualité de ses images aujourd’hui, ça nous rassure sur le fait que nous verrons des choses encore jamais observées. » Avec Hubble, des points lumineux restaient invisibles, masqués par la poussière. Les yeux infrarouges de James-Webb perceront, eux, ce voile.

Liens entre rayonnement d’une étoile et matière

La cible choisie sera finalement la nébuleuse d’Orion, à environ 1 350 années-lumière de la Terre avec, en son sein, quatre jeunes étoiles. « Bien sûr, un des objectifs de la mission est d’étudier l’environnement jeune d’une étoile analogue à celui qui existait au début du Système solaire, précise l’astronome. Mais nous voulons aussi apporter de précieuses informations sur l’interaction entre le rayonnement d’une étoile et la matière alentour, dans de nombreuses situations. Avec des températures allant de 10 °C au-dessus du zéro absolu à 10 000 °C, Orion est en fait un véritable laboratoire d’étude de ces phénomènes. »

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Written by Milo

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