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Matières premières : « Colza, l’année de l’abondance »


Récolte de colza, près de Fehrbellin, en Allemagne, le 18 juillet 2022.

« La fin de l’abondance », anticipée par le président de la République, Emmanuel Macron, dans son discours de rentrée aux accents très sombres, ne s’applique pas à toutes les matières premières. Cette année, en tout cas, le colza ne mange pas de ce pain-là. Les usines de trituration auront de la graine à se mettre sous la dent.

En France, où la récolte s’est achevée, l’heure est à la pesée. « Les rendements ont été hétérogènes, mais c’est une des meilleures récoltes en dix ans », se félicite Arnaud Rousseau, président d’Avril, bras armé de la filière des oléagineux et puissante firme agro-industrielle. Selon les estimations du ministère de l’agriculture, la production atteindrait 4,3 millions de tonnes, soit un rebond de 31 % par rapport à la récolte maigrelette de 2021 et une hausse de 6 % comparée à la moyenne quinquennale.

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« La bonanza du colza » (« l’aubaine du colza »), pourrait être le titre du film dont les heureux acteurs sont les agriculteurs. Un film qu’il faut rembobiner jusqu’à l’été 2021. Un mois d’août pluvieux et un terrain meuble idéal donnaient le signal des semailles. Les agriculteurs n’ont pas lésiné sur la semence, plantant leurs espoirs sur 1,2 million d’hectares. Il est vrai que le cours brûlant du colza faisait miroiter une grasse rentabilité de la graine oléique.

La chape de chaleur sur le Canada avait réduit en cendres la production de canola. Sachant que le canola est le nom donné au colza OGM cultivé outre-Atlantique et exporté partout sur la planète, même en France. De quoi enflammer les prix. La tonne de colza battait son record historique, à près de 600 euros à l’été 2021, contre 390 euros un an plus tôt.

Les cours restent élevés

Un record pulvérisé en avril, alors que les tapis de fleurs dorées sur tranche se déroulaient à perte de vue dans les champs. La guerre en Ukraine portait les cours des matières premières à incandescence, et le colza atteignait 880 euros la tonne. Si la spéculation a, depuis, baissé, les cours restent élevés.

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Et, cette année, le feuilleton météo pourtant très chaotique a été favorable à cette plante. « En France, mais aussi en Europe, au Canada – avec un retour à la normale attendu autour des 20 millions de tonnes –, en Australie et même en Ukraine, où la récolte, estimée à 3 millions de tonnes, est la deuxième meilleure de l’histoire de ce pays », souligne Nathan Cordier, analyste du cabinet Agritel. Colza, l’année de l’abondance.

Pour l’heure, cet afflux de graines n’a pas trop pesé sur les cours. Le destin du colza, transformé prioritairement en agrocarburant, même si le tourteau est croqué par les animaux, est en effet très lié à celui du pétrole. Mais l’huile de palme, elle, sous le poids de la récolte, a plongé. « Il y a aujourd’hui un écart important de 300 euros entre le colza et l’huile de palme », précise M. Cordier. Ce reflux ainsi que la reprise des expéditions de tournesol au départ d’Ukraine ont contribué au repli du prix des huiles. Reste à savoir si elles emporteront le colza dans leur glissade.

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Written by Stephanie

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