in

Les populations de vertébrés ont décliné de 69 % en moins de cinquante ans


Un dugong se nourrissant d’herbes marines, avec des carangues dorées, à Thornbury (Australie), en octobre 2013.

Tous les deux ans, le Fonds mondial pour la nature (WWF) évalue l’abondance des populations de vertébrés sauvages, par le biais de son « Indice planète vivante » (IPV). Et, tous les deux ans, cet indicateur décrit un déclin qui s’accroît, inexorablement. Selon la dernière édition du rapport, publiée jeudi 13 octobre, les populations d’oiseaux, de poissons, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont décliné en moyenne de 69 % entre 1970 et 2018. En 2020, le même indicateur faisait état d’une chute de 68 %.

« Une baisse de 1 % en deux ans, c’est colossal, et on a perdu 10 points en dix ans, souligne Arnaud Gauffier, le directeur des programmes du WWF. Sur des populations très faibles, cela peut être dramatique et conduire à des extinctions. Le seul fait que cet indicateur ne s’améliore pas est catastrophique. » Les vertébrés représentent moins de 5 % des espèces animales connues, mais sont les plus suivis.

Grandes disparités

En à peine cinquante ans, selon l’IPV, les populations de gorilles des plaines ont diminué de 80 % ; celles des éléphants des forêts d’Afrique, classés en danger critique d’extinction, de 86 %. Les populations de requins et de raies océaniques se sont également effondrées (–71 %). D’autres populations – environ la moitié de celles qui ont été étudiées – sont en revanche stables ou s’accroissent.

Elaboré par la Société zoologique de Londres, l’Indice planète vivante calcule une tendance d’évolution moyenne pour des dizaines de milliers de populations de vertébrés terrestres, marins et d’eau douce. Cette année, 31 821 populations représentant 5 230 espèces ont été prises en compte, soit 838 nouvelles espèces et 11 011 populations de plus par rapport à 2020 – une augmentation considérable. Le nombre d’espèces de poissons (+ 29 %) et d’oiseaux (+ 95 %) notamment, ainsi que les données provenant de régions auparavant sous-représentées, comme l’Amérique latine et les Caraïbes, ont été largement étoffés.

Eléphant d’Afrique, dans la réserve nationale de Masai Mara, au Kenya.
Aigle de mer (Aetobatus narinari), îles Galapagos.

Fin 2020, des chercheurs avaient jugé, dans un article publié dans Science, que cet indicateur donnait une vision « catastrophiste » de l’érosion de la biodiversité, en estimant que la diminution extrême de certaines populations affectait de façon « disproportionnée » la moyenne globale. Pour cette nouvelle édition, l’IPV a été recalculé en excluant certaines espèces ou populations. « Cela a confirmé que l’indice n’était pas déterminé par des déclins ou des augmentations extrêmes », écrivent les auteurs du rapport.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le délicat calcul du déclin des vertébrés

La perte de biodiversité est particulièrement compliquée à résumer en un chiffre ou une mesure qui ferait consensus, le phénomène étant multidimensionnel. « L’IPV permet de faire des comparaisons utiles d’année en année et de donner un ordre de grandeur de la perte de biodiversité, explique Michel Loreau, directeur de recherche au CNRS. Mais je préfère d’autres études plus spécialisées et homogènes sur le déclin des oiseaux ou des insectes, qui sont tout aussi alarmantes. »

Il vous reste 61.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Microsoft Surface Event 2022: suivez toutes les nouveautés du groupe californien

Un bébé de 13 mois reçoit la première greffe mondiale d'intestin d'un donneur en fin de vie cardiaque