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« Les étudiants en médecine vont-ils aussi se révolter ? »


En avril 2022, des étudiants d’AgroParisTech proclament lors de la remise des diplômes : « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours. »

Début juin, ils sont suivis par une étudiante de HEC qui déclare ressentir un « profond malaise » en comprenant que les métiers auxquels mènent ces études sont « la principale cause » de l’effondrement environnemental. Puis c’est au tour d’étudiants de Sciences Po, de l’Ecole normale supérieure de Paris ou de l’École Polytechnique de prendre la parole.

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Tous regrettent que leurs études ne soient pas plus adaptées au monde actuel, anticipant le monde de demain. Tous regrettent d’être promis à un métier qui ne correspond pas au sens qu’ils veulent donner à leur vie. Ces prises de parole publiques reflètent un tournant auquel l’ensemble du corps enseignant se doit de réfléchir.

De la normalisation de la déviance à la perte de sens

Si ce mouvement s’amorce au sein de ces grandes écoles, on peut s’interroger sur son probable développement en médecine. Aujourd’hui, les étudiants en médecine peinent à se mobiliser, alors qu’ils ont de nombreuses raisons de le faire. Ils évoluent au sein d’un système de santé à bout de souffle. Leur formation est longue et éreintante, et leur souffrance est de plus en plus visible.

Selon l’intersyndicale des internes, on compte dans cette catégorie d’étudiants un suicide tous les 18 jours. Certaines universités introduisent de nouvelles disciplines comme l’informatique, l’éthique ou la philosophie. La simulation en santé connaît un fort développement. Mais les apprentissages proposés durant le cursus initial restent globalement peu diversifiés tant sur le fond que sur la forme.

L’étude du fonctionnement organisationnel et humain nous apprend pourtant à identifier la normalisation de la déviance. Ce phénomène intervient quand les acteurs d’une organisation, tellement habitués à des comportements déviants, ne les considèrent plus comme tels. Triste justification de cette normalisation, il est fréquent de s’entendre dire : « On a toujours fait comme ça. » Il faut pourtant changer de cap.

Une distorsion, source de souffrance

Si un fonctionnement dégradé provoque une diminution de la qualité du soin, on occulte aussi souvent l’impact qu’il peut avoir chez les soignants et les étudiants en santé. En effet, ils expriment une perte de sens et se trouvent en décalage avec l’image qu’ils avaient de leur métier. Cette distorsion est une source de souffrance.

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Written by Milo

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