Démence et cancers : comment certaines habitudes quotidiennes augmentent le risque — Analyse scientifique 2025

Les maladies neurodégénératives et les cancers partagent un ensemble de facteurs de risque modifiables liés au mode de vie. Cette synthèse s’appuie sur les données les plus récentes de l’OMS, de la Commission Lancet, de l’Inserm, du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), de la cohorte UK Biobank et de plusieurs méta-analyses internationales.

Sommaire


1. L’ampleur mondiale de la démence et des cancers

Les données les plus fiables montrent que la démence constitue l’un des défis sanitaires majeurs du XXIe siècle. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 57 millions de personnes étaient atteintes d’une démence en 2021 et ce chiffre pourrait atteindre 153 millions en 2050, sous l’effet combiné du vieillissement démographique et de l’exposition prolongée à divers facteurs de risque. En parallèle, les cancers représentent plus de 10 millions de décès annuels, dont une part importante est attribuable à des expositions évitables selon le CIRC. Les projections convergent vers une augmentation continue d’ici 2040, en raison de la prévalence croissante des comportements à risque dans les pays industrialisés. La convergence épidémiologique entre démence et cancers n’est pas due à un mécanisme biologique identique, mais au fait qu’un ensemble de déterminants métaboliques, vasculaires et comportementaux altère simultanément la santé cognitive et le risque oncologique.


2. La notion de facteurs modifiables : consensus scientifique 2020-2025

Depuis 2020, un consensus s’est formé autour de la notion de facteurs de risque modifiables. La Commission du Lancet a identifié douze facteurs en 2020 et quatorze en 2024 (ajout de la perte de vision non corrigée et de l’hypercholestérolémie LDL) qui pourraient permettre d’éviter ou de retarder jusqu’à 45 % des cas de démence. Ces facteurs incluent : faible niveau d’éducation, hypertension, audition non corrigée, tabagisme, obésité, dépression, sédentarité, diabète, isolement social, pollution atmosphérique, traumatismes crâniens et consommation excessive d’alcool. Les mêmes déterminants — en particulier sédentarité, tabac, alcool, mauvaise alimentation, obésité, inflammation chronique — sont aussi associés à une augmentation du risque de cancers selon les synthèses du National Cancer Institute et de l’IARC. L’importance scientifique de ces travaux réside dans le fait qu’ils montrent que le vieillissement cognitif n’est pas uniquement dépendant de facteurs génétiques ou du hasard, mais largement influencé par des trajectoires de vie.


3. Alimentation ultra-transformée, absence de fibres et risque cognitif

Plusieurs études de cohorte, notamment celles issues de la vaste UK Biobank, ont établi un lien significatif entre la consommation d’aliments ultra-transformés et un risque accru de déclin cognitif, de démence vasculaire et de maladies métaboliques associées. Une méta-analyse publiée en 2023 dans Neurology indique qu’un régime pauvre en fibres, riche en sucres simples, additifs et graisses saturées contribue à l’inflammation systémique et à l’insulinorésistance, deux facteurs clés du vieillissement cérébral. De même, l’absence de fruits et légumes prive l’organisme d’antioxydants essentiels à la protection des synapses et des membranes neuronales. Sur le plan oncologique, plusieurs rapports du World Cancer Research Fund soulignent que les régimes riches en produits ultra-transformés augmentent le risque de cancers colorectaux, gastriques et pancréatiques. Ces données montrent que la qualité de l’alimentation influence de manière simultanée la santé cognitive et le risque de tumeurs malignes, via des mécanismes inflammatoires et métaboliques communs.


4. Alcool : effets neurotoxiques et cancérogènes établis

L’alcool constitue l’un des facteurs de risque les plus clairement établis pour la démence à début précoce. Une étude de référence du groupe Inserm montre qu’un trouble de l’usage de l’alcool multiplie par trois le risque de démence et par deux le risque de maladie d’Alzheimer. Les données génétiques récentes issues de la randomisation mendélienne indiquent qu’il n’existe probablement pas de seuil de consommation « sans risque » pour le cerveau. Sur le plan oncologique, le CIRC classe l’alcool comme cancérogène avéré (groupe 1), lié à des cancers de la bouche, du foie, du sein, du côlon et de l’œsophage. Les mécanismes incluent la production d’acétaldéhyde, le stress oxydatif, la perturbation hormonale et les altérations de l’ADN. Ainsi, alcool et vieillissement cérébral partagent une base physiopathologique commune : neurotoxicité, inflammation, stress oxydatif et perturbation métabolique.


5. Privation chronique de sommeil et charge inflammatoire

Le sommeil joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé cérébrale. Des travaux publiés dans Science et Nature Neuroscience montrent que le système glymphatique — chargé d’éliminer les déchets métaboliques du cerveau, notamment les protéines bêta-amyloïdes et tau — fonctionne majoritairement pendant le sommeil profond. Une privation chronique perturbe ces mécanismes, augmente l’inflammation neuronale et favorise l’accumulation de protéines mal conformées impliquées dans la maladie d’Alzheimer. La cohorte américaine CARDIA montre également que des durées de sommeil inférieures à 6 heures sont associées à une augmentation du risque de cancer via une dysrégulation immunitaire prolongée. Le manque de sommeil n’est donc pas un simple inconfort : c’est une perturbation systémique qui affecte le cerveau, le métabolisme, le système immunitaire et les mécanismes de réparation cellulaire.


6. Inactivité physique, sédentarité et vieillissement cérébral


La sédentarité figure parmi les facteurs modifiables les plus importants de la démence selon la Commission Lancet. L’inactivité physique réduit la perfusion cérébrale, altère la neurogenèse hippocampique et augmente le risque de maladies vasculaires, qui constituent la deuxième cause de démence après Alzheimer. Selon l’Agence de santé publique du Canada, l’exercice régulier réduit de 30 à 40 % le risque de démence toutes causes confondues. Sur le plan oncologique, l’exercice améliore la sensibilité à l’insuline, réduit l’adiposité viscérale et diminue l’inflammation chronique, réduisant le risque de cancers du sein, du côlon et de l’endomètre. L’inactivité prolongée_

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