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• Et si une nouvelle espèce humaine était en train d’émerger sous nos yeux ?
• Sommes-nous à l’aube d’une obsolescence biologique programmée ?
• Que se passera-t-il lorsque des « surhommes » génétiquement augmentés domineront la société ?
Table des matières
- Un millionnaire visionnaire : Herbert Sim
- Des mutants parmi nous ?
- Des technologies déjà opérationnelles
- Le précédent japonais : des hybrides homme-animal
- Un monde post-humain ?
- Analyse : jusqu’où peut aller le transhumanisme ?
Un millionnaire visionnaire : Herbert Sim
Herbert Sim, surnommé « The Bitcoin Man », est devenu l’un des visages les plus controversés de la révolution transhumaniste. Basé à Londres, ce riche investisseur technologique affirme que la première génération de mutants humains pourrait voir le jour d’ici cinq ans.
À travers son entreprise Neurochip, Sim développe une interface cerveau-ordinateur sous forme de casque, capable de lire les ondes cérébrales et de les traduire en actions numériques. Pour lui, ce n’est qu’un premier pas vers une amélioration radicale de l’humain par la technologie.
« Transhumanism can help to extend your life for 500 years », affirme-t-il. Plus qu’un outil, Sim voit dans cette démarche une véritable transformation anthropologique.

Des mutants parmi nous ?
Sim va plus loin : selon lui, l’humanité telle que nous la connaissons est condamnée à devenir obsolète. Les « transhumains » à venir seront plus intelligents, plus résistants, et biologiquement optimisés pour surpasser les limites naturelles de notre espèce.
Une vision qui rappelle la série X-Men, mais qui s’appuie sur des bases scientifiques réelles : génétique de pointe, interfaces neuronales, bioingénierie… Autant de domaines où les progrès explosent.
« Les humains restants ne pourront plus contribuer à la société aussi efficacement que ces êtres augmentés. » — Herbert Sim
Des technologies déjà opérationnelles
Le transhumanisme n’est plus une spéculation. En 2022, la société Synchron a implanté une puce dans le cerveau d’un patient atteint de SLA. Grâce à cette puce insérée par une veine du cou, l’individu a pu naviguer sur Internet et envoyer des messages par la pensée.
En mars 2025, des chercheurs du Broad Institute of MIT and Harvard ont utilisé la méthode CRISPR pour insérer des morceaux de gènes de grande taille avec une précision inédite. Ce saut technique pourrait rendre obsolètes de nombreuses maladies génétiques.
Et l’équipe du MIT est parvenue à convertir des cellules cutanées humaines en neurones pleinement fonctionnels — un exploit 100 fois plus efficace que les techniques précédentes. Ces neurones ont ensuite été implantés dans le cerveau de souris et ont parfaitement fonctionné.
Le précédent japonais : des hybrides homme-animal
En 2019, le ministère japonais de l’Éducation a autorisé le biologiste Hiromitsu Nakauchi à créer des embryons hybrides avec des cellules souches humaines injectées dans des embryons de rongeurs. L’objectif ? Faire croître un organe humain — un pancréas — chez l’animal hôte.
Cette recherche, jadis taboue, est aujourd’hui légalement encadrée au Japon. Elle montre que le « mutant biologique » est déjà une réalité scientifique.
Un monde post-humain ?
Ce scénario, digne de la science-fiction, soulève une question vertigineuse : que devient l’humanité dans un monde dominé par des êtres plus intelligents, plus performants, et potentiellement immortels ?
Pour Sim, le processus est déjà enclenché : « Nous sommes à un carrefour. Ceux qui refusent la technologie seront laissés derrière ». La sélection naturelle serait remplacée par une sélection technologique, où seuls les augmentés survivraient économiquement et socialement.
Analyse : jusqu’où peut aller le transhumanisme ?
Il faut distinguer la rhétorique spectaculaire du véritable potentiel scientifique. Oui, les interfaces neuronales progressent. Oui, la thérapie génique s’améliore. Mais nous sommes encore loin d’une société composée de mutants supérieurs capables d’éradiquer la condition humaine classique.
La crainte d’une « obsolescence de l’homme » évoque les thèses d’auteurs comme Günther Anders ou Yuval Noah Harari. Elle résonne avec l’angoisse contemporaine d’un futur où l’homme ne serait plus qu’un maillon archaïque dans un monde dominé par l’IA, la génétique et la cybernétique.
Mais Sim, comme d’autres techno-prophètes, choisit une voie quasi religieuse : le salut par la technologie, quitte à sacrifier la notion même d’humain.