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« Ce n’est certainement pas une curiosité mal placée qui incite le public à s’intéresser à ces vols »

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Au mois de juillet, les six jets privés de grands groupes français (Bouygues, Bolloré, Artémis, Decaux et Arnault) auraient effectué cinquante-trois vols et émis 520 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions d’un Français moyen pendant cinquante-deux années. Ce bilan alarmant est issu du compte Twitter @i_fly_Bernard, qui suit les voyages des jets privés détenus par plusieurs industriels.

Dubitatif, le grand public s’interroge, s’indigne et s’affole d’un tel mode de vie et du peu d’égard pour le dérèglement climatique que ces nombreux voyages révèlent. Face à la popularité de ces comptes et à l’indignation en résultant, il n’est pas surprenant de lire dans une dépêche AFP que les milliardaires seraient « irrités par le suivi en ligne de leurs jets privés ». Mais d’où viennent les données permettant ce suivi et peuvent-elles être librement utilisées ?

Contrairement à une route terrestre, le ciel n’est pas délimité matériellement. Pour garantir la sécurité dans les airs et laisser les avions se croiser sans risque, des moyens techniques et humains ont été progressivement mis en place. Plusieurs technologies sont ainsi utilisées pour suivre les déplacements des aéronefs, parmi lesquelles figure le système ADS-B. Depuis décembre 2020, il est obligatoire pour survoler le ciel européen.

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La transparence des informations du trafic aérien est primordiale, tant pour les contrôleurs aériens que pour les pilotes ; elle est l’un des piliers de la sécurité. C’est pourquoi ces données sont envoyées par des canaux non chiffrés et sont donc lisibles par toute personne disposant d’un récepteur radio. Si les données collectées par les contrôleurs aériens sont accessibles à un nombre restreint de personnes, des outils tels que le populaire Flightradar24 permettent au grand public de suivre en temps réel les aéronefs. Basé sur des données officielles et le crowdsourcing de milliers de récepteurs autour de la planète, ce site est largement utilisé par les curieux et les passionnés d’aviation. L’outil accepte toutefois, sur demande, de retirer les informations liées à certains appareils. C’est donc grâce à un autre site, Adsbexchange.com, refusant d’opérer un tel filtrage, que plusieurs comptes Twitter suivent les jets privés des groupes français, génèrent leurs trajectoires et proposent une estimation du CO2 émis pour chaque vol.

Intérêt décisif

Si tout le monde s’accorde sur l’importance et la nécessité des données de trafic aérien, leur réutilisation pour d’autres finalités irrite les détenteurs de ces avions. D’aucuns n’hésitent pas à prendre leur défense, en invoquant le droit au respect de la vie privée. Il est vrai que la Cour de cassation (première chambre civile, 23 octobre 1990) reconnaît que « toute personne, quels que soient son rang, sa naissance, sa fortune, ses fonctions présentes ou à venir, a droit au respect de sa vie privée ». Bien sûr, les milliardaires ont aussi droit au respect de leur vie privée. Seulement, l’argument de la protection de la vie privée au bénéfice de ces trajets ne convainc pas, et ce pour plusieurs raisons.

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Written by Stephanie

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