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à Labrea, fin de route pour la grande forêt

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Il a fallu faire un écart. Sortir de la Transamazonienne. Bifurquer vers le nord et emprunter sur 70 kilomètres une nouvelle route, la BR 319, plus accidentée encore, où notre 4 × 4 progresse avec difficulté. Le jeu en vaut la chandelle. La veille, un contact, dont nous tairons le nom pour des raisons de sécurité, nous a proposé de nous emmener sur la « ligne de front ». « Vous voulez voir des arbres tomber ? Eh bien je vais vous en montrer ! », a-t-il promis, fanfaron. Rendez-vous a été pris, à 8 heures du matin. Près d’une baraque de bois, un petit chemin de terre s’enfonce dans la jungle. Au loin perce le bruit des tronçonneuses.

Cette forêt se mérite. Elle n’aime pas les intrus. Pour la pénétrer, il faut traverser des marécages boueux, de l’eau jusqu’aux genoux, escalader d’énormes tas de bois, traverser des buissons épineux. Les branches griffent le visage, les échardes s’enfoncent à travers le cuir des chaussures. Reptiles, sangsues, tarentules, scorpions, grenouilles venimeuses, panthères tachetées… le danger peut venir du sol mais aussi des airs : certains serpents, tel le boa émeraude (deux mètres de long), se jettent parfois sur leur proie en se laissant tomber depuis les branches.

Un tronçon boueux de la route transamazonienne vers Labrea, au Brésil, le 8 juin 2022.

« C’est bien les gars ! Ça vous fait faire du sport ! », s’amuse notre guide qui, au bout de quarante-cinq minutes, s’arrête tout net face à un mur de feuillages. « Je crois que je me suis perdu… » Le vacarme des tronçonneuses a beau se faire de plus en plus proche, impossible d’aller plus loin. Mieux vaut rebrousser chemin. Revenus au point de départ, épuisés, nous voici dégoulinants de sueur, le visage rougi et les pieds sanguinolents. Le découragement guette. On se prépare à repartir bredouille. Quand, soudain, surgit un être miraculeux : un jeune métis en casquette et tee-shirt rose, machette à la main ! « Mon beau-frère ! », lance notre guide. Lui sait où sévissent les bûcherons.

En moins de dix minutes, nous sommes à leurs côtés, cinq hommes casqués de blanc, couverts de sciure et d’échardes. « Vous n’êtes pas de la police hein ?  », nous demande l’un d’eux, sur le ton de la plaisanterie. Dans le chaos de la jungle, les postes sont strictement répartis. Les motosserristas (« tronçonneurs ») abattent les arbres, assistés par un cuisinier à la popote et un meloso (« graisseux »), chargé de l’approvisionnement en essence. Tout le reste se fait à l’aide de petites tronçonneuses orange, graissées avec minutie. Sur l’une d’elles, une inscription : « Dieu est fidèle. »

Vengeance désespérée

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Written by Stephanie

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