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« La France ne manque pas de plans, elle en a même peut-être trop »


Depuis la crise du gaz et l’envolée des prix de l’électricité, EDF file un mauvais coton. Jamais on avait eu autant besoin de son électricité et jamais le groupe n’en a produit aussi peu. Et ce n’est pas fini, si l’on en juge par le très sobre communiqué de la firme, qui mentionne qu’en 2024 on ne sera toujours pas revenu au niveau de production de 2019. Mauvais plan, dirait-on familièrement. Et pourtant, des plans, il semblerait qu’on en ait beaucoup en réserve.

Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est fait élire en avril sur la promesse d’une grande planification écologique. Celle-ci ne fera que s’ajouter à la création, en 2020, d’un secrétariat au plan, à l’adoption, en 2015, d’une stratégie nationale bas carbone, et surtout à la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) mise en chantier mi-2017 et adoptée en avril 2020. Devant l’Assemblée nationale, mardi 13 septembre, la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en a rajouté quelques couches, en détaillant le programme des mois à venir.

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D’abord, le lancement d’un débat national sur le futur bouquet énergétique, avec une large concertation associant élus, entreprises et citoyens « pour qu’ils s’approprient leur avenir énergétique ». Puis, dans le même temps, le démarrage du débat public, entre le 27 octobre et le 25 février 2023, sur le lancement de la construction de six réacteurs de nouvelle génération EPR sur trois sites. Enfin, avant le 1er juillet 2023, le vote d’une nouvelle loi de programmation sur l’énergie et le climat.

Revirements politiques

Celle-ci sera supposée fixer les grands objectifs de la PPE et de la stratégie nationale bas carbone. On ne peut donc pas dire que la France manque de plans. Elle en a même peut-être trop, même si les efforts actuels visent, entre autres, à articuler toutes ces initiatives. C’est tout le problème de la planification. Il faut à la fois qu’elle voit loin à l’horizon, et qu’elle s’adapte aux circonstances de court terme, et surtout qu’on s’y tienne.

L’Etat peut construire plus facilement que le privé une vision à cinquante ou cent ans, ce qui doit être le cas dans le domaine des infrastructures énergétiques, mais il a aussi la propension à changer d’avis abruptement au gré des vents politiques. Pour séduire les écologistes, on programme la diminution du nucléaire et la fermeture de centrales, avant de changer d’avis en les prolongeant et en mettant en chantier de nouvelles installations.

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EDF est à juste titre déboussolé par de tels revirements de ses planificateurs en chef. Mais l’entreprise, pourtant dirigée par des polytechniciens, qui ont l’impératif de programmation chevillé au corps, peut aussi s’interroger sur ses capacités de programmation et de réaction face à des opérations de maintenance et de réparation qui mettent à mal tout l’appareil de production français. Au pays de Colbert, l’abondance de plans n’a pas suffi. Eternel dilemme entre la constance du long terme et le pragmatisme du court terme traversant aussi bien l’Etat que les entreprises privées et même chacun d’entre nous.

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Written by Stephanie

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