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la fascination de Werner Herzog pour le feu sacré de Katia et Maurice Krafft

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Maurice et Katia Krafft sur le piton de la Fournaise, à La Réunion, en novembre 1975.

ARTE & NETFLIX – SAMEDI 1ER OCTOBRE À 22 H 20 – DOCUMENTAIRES

La même image, dans trois films : une petite silhouette argentée devant un chaos de lave en fusion et de flammes. C’est Katia Krafft, la vulcanologue, engloutie avec son mari Maurice dans une coulée pyroclastique crachée par le mont Unzen, au Japon, en 1991. Trente ans plus tard, un réalisateur octogénaire et une jeune cinéaste composent pour eux une oraison funèbre – Au cœur des volcans, de Werner Herzog, diffusé sur Arte – et une chanson d’amour – Fire of Love, de Sara Dosa, sorti en salle le 14 septembre.

Et si l’on veut plonger un peu plus loin vers le cœur de la Terre, que les Krafft ont passé leur vie à ausculter, on peut aussi voir un autre long-métrage volcanique de Herzog, Au fin fond de la fournaise, qui sommeille dans un recoin du catalogue Netflix depuis 2016.

Plans prodigieux

La première incursion de Herzog sur ce terrain date de 1977, avec La Soufrière. Au cœur des volcans semble procéder d’une espèce de remords. Né en 1942, comme Katia Krafft, Herzog avait, dans Au fin fond de la fournaise, brièvement évoqué le couple de vulcanologues, les risques insensés qu’ils prirent tout au long de leur carrière. En 2016, il avait aussi largement puisé dans la formidable masse d’images – animées et fixes – accumulée par les Krafft en un quart de siècle, mêlant leurs séquences argentiques aux images numériques qu’il avait lui-même tournées.

Werner Herzog compose un poème qui laisse entière l’énigme que pose aux gens ordinaires le destin des vulcanologues alsaciens

Cette fois, le cinéaste allemand recourt aux images des spécialistes moins pour retracer leur parcours scientifique que pour interroger leur nature. Et sa réponse est sans appel : le couple (surtout Maurice, qui tenait la caméra pendant que Katia photographiait) était des cinéastes, et sa production est comme un film sans début ni fin, fait de plans prodigieux, que chaque imagination peut agencer.

On connaît les moteurs de celle de Werner Herzog : sa fascination pour les moments ultimes à l’approche de la mort, sa conscience aiguë de l’insignifiance de l’homme face au cosmos. La mort d’un cinéaste documentariste était déjà au centre de Grizzly Man (2005). Cette fois, la réprobation ironique que Herzog manifestait à l’égard de Timothy Treadwell, dévoré par l’un des ours qu’il filmait, fait place à une admiration inconditionnelle pour Katia et Maurice Krafft, qui ont toujours travaillé avec une conscience aiguë des risques qu’ils prenaient. Il remonte leurs images – les éruptions, mais aussi la désolation que les volcans répandent parmi les hommes – pour composer un poème qui laisse entière l’énigme que pose aux gens ordinaires le destin des vulcanologues alsaciens.

Intimité fusionnelle

Par une heureuse coïncidence, on pourra, sinon la résoudre, du moins avancer vers la solution, en découvrant Fire of Love, le très délicat documentaire que l’Américaine Sara Dosa a composé à partir du même matériau que Herzog, les images tournées et prises par le couple Krafft. La réalisatrice s’attache à superposer la passion amoureuse de Katia et Maurice Krafft (on pourrait presque croire que pour eux, l’humanité se résumait à leur couple) et leur passion pour les volcans, au point que la conclusion de leur odyssée tellurique, point d’orgue d’une tragédie chez Herzog, apparaît ici comme la culmination de l’intimité fusionnelle entre Maurice, Katia et les volcans.

Cette proximité contraste avec le respect que Werner Herzog témoigne aux phénomènes volcaniques dans Au fin fond de la fournaise. Très tôt dans le film, alors qu’il tourne au sommet du mont Erebus, en Antarctique, l’auteur de L’Enigme de Kaspar Hauser (1994) explique sa haine du risque inutile à celui qui sera son cicérone, le volcanologue britannique Clive Oppenheimer.

Certes Herzog est fasciné par ce phénomène par lequel le minéral prend toutes les caractéristiques du vivant. Il est encore plus attiré par l’effet que les volcans ont sur la psyché humaine. Dans deux villages du Vanuatu, il interroge les chefs sur les croyances nées de la vie à proximité d’un cratère. En Corée du Nord, il met en lumière l’importance du mont Paektu, dont l’éruption en 946 est l’une des plus importante de l’histoire, avec la mythologie de la dynastie Kim, qui règne aujourd’hui à Pyongyang. Dans le désert du Danakil, en Ethiopie, tout près de l’un des seuls endroits où le magma affleure à la surface de la planète, il croise le chemin d’une équipe de paléoanthropologues qui procède à la reconstitution du squelette d’un hominien.

Comme à son habitude, Werner Herzog commente lui-même son film de sa voix éraillée, dont l’ironie contient la passion. Dans Au fin fond de la fournaise, il le fait en anglais, avec l’accent qui est devenu sa signature aux Etats-Unis. Dans Au cœur des volcans, il parle allemand, mais Arte n’est pas en mesure de proposer cette version avec des sous-titres. Il faudra donc choisir entre la voix et le propos, ce qui est un peu curieux pour une chaîne franco-allemande.

Au cœur des volcans, requiem pour Katia et Maurice Krafft, documentaire de Werner Herzog (Fr.-RU, 2022, 80 min). Sur Arte, le 1er octobre à 22 h 20. Sur Arte.tv jusqu’au 29 novembre.

Au fin fond de la fournaise, documentaire de Werner Herzog (All.-Can., 2016, 107 min). A la demande sur Netflix.

Fire of Love, documentaire de Sara Dosa (EU, 2022, 93 min), en salle depuis le 14 septembre et sur Nationalgeographic.com

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Written by Stephanie

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