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Le nerprun: une plante envahissante et l’un des «pires fléaux botaniques de l’heure»

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Un arbuste qualifié de «bombe à retardement» dans nos boisés envahit actuellement le Sud du Québec au point où plusieurs zones sont hors de contrôle. 

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«Dans certaines friches du parc national d’Oka, on n’en viendra jamais à bout. La meilleure stratégie consiste à limiter l’envahissement», explique le biologiste Marc-André Villard. Il a été embauché par la Société des établissements de plein air du Québec en 2020 pour s’attaquer au nerprun cathartique (voir encadré). 

Après plusieurs tentatives d’éradication, il a concentré ses efforts autour de zones où on a repéré des populations de plantes rares ou fragiles. À partir de ces points, il tente de freiner la progression de l’indésirable. Pour lui, le nerprun est une «bombe à retardement» dans de nombreux écosystèmes du Québec méridional.

En apparence inoffensive, la plante détruit tout sur son passage pour s’installer aux abords de la forêt, diminuant la biodiversité à ces endroits. Mais personne ne sait exactement quels seront les effets à long terme de «forêts» de nerprun ni où s’arrêtera leur conquête, car elles sont trop récentes pour être bien documentées. 

Mince espoir: les forêts matures semblent épargnées, car le nerprun a besoin de lumière pour s’installer.

Un fléau botanique

Le nerprun cathartique et son cousin le nerprun bourdaine, qui sévit en milieu humide, ne sont pas nouveaux au Québec, mais ils connaissent actuellement une explosion démographique, particulièrement en Estrie et en Montérégie. 

«Le réchauffement climatique joue un rôle dans ce phénomène, mais l’espèce a surtout profité du déclin du frêne, de l’orme et du hêtre. Les maladies et parasites (comme l’agrile du frêne) qui ont affecté ces arbres ont laissé beaucoup d’espace à conquérir pour les nerpruns», explique le botaniste Claude Lavoie. 

Le professeur en sciences biologiques de l’Université Laval, qu’on surnomme «Monsieur plantes envahissantes» en raison de son expertise sur le sujet, place le nerprun dans le «top 5» des pires fléaux botaniques de l’heure. Ses livres font état de plus de 90 espèces préoccupantes. 

Toujours à recommencer 

Cet arbuste qui pousse très rapidement en bosquets denses a conquis de nombreuses friches, en particulier les anciens champs agricoles qu’on veut voir redevenir des forêts. Le problème, c’est que la plante envahissante s’installe avant que les premières tiges d’érable ou de bouleau puissent s’enraciner.  

Le Journal a participé à une activité d’arrachage de nerprun au mont Royal le 2 octobre. Une vingtaine de bénévoles ont coupé des milliers de tiges dans un secteur à l’ouest du lac aux castors pour «donner une chance» aux plantations d’espèces indigènes. En deux heures, tout juste deux mètres de forêt avaient été nettoyés le long d’une battue d’une vingtaine de mètres. 

«C’est à recommencer chaque année; de nombreuses zones sont envahies», soupire Benjamin Pilon, qui orchestre les activités pour les Amis de la montagne. 

Solution: glyphosate 

«Le nerprun cathartique représente une menace importante pour les écosystèmes montréalais» admet la porte-parole de la Ville de Montréal, Kim Nantais. Elle souligne que la lutte au nerprun «s’est intensifiée au cours des dernières années». 

La botaniste Stéphanie Pellerin, qui a dirigé les travaux d’une étudiante à la maîtrise sur la lutte au nerprun, ajoute que l’une des seules stratégies reconnues pour venir à bout des peuplements, à part l’élimination pure et simple des racines à l’aide de machinerie lourde, consiste à enduire les pieds de glyphosate, un produit interdit à Montréal depuis le début de 2022. 

«Le nerprun est extrêmement résistant. Et c’est une des rares plantes exotiques envahissantes qui s’adaptent aux milieux forestiers. À Montréal, plus aucun parc-nature n’est épargné. À certains endroits, c’est l’espèce dominante.» 

Couper le pied de l’arbuste pendant six ans, comme le recommande certains experts, est-il la bonne solution? Mme Pellerin n’y croit guère. «Face à ce problème, on se dit qu’on va épuiser nos bénévoles avant d’épuiser la plante!» 

Une plante introduite pour ses pseudo-qualités médicinales 

  • Le nerprun cathartique a été introduit en Nouvelle-Angleterre à la fin du 18e siècle pour ses qualités curatives (d’où le terme «cathartique» au sens de purificateur). Un effet qui n’a pas été démontré, même si le fruit a un effet purgatif. 
  • En 1809, au Massachussetts, puis en 1839 au Wisconsin, on l’utilise en architecture de paysage pour former des haies. 
  • Un siècle plus tard, l’espèce devient envahissante dans ces deux États. 
  • L’espèce est vendue en pépinière à Toronto pour ses qualités esthétiques en 1864. 
  • Même si elle était présente depuis plus d’un siècle au Canada, il faut attendre les années 2000 pour la voir proliférer de façon inquiétante. On ignore les causes exactes de cet envahissement soudain.

Source: Claude Lavoie, 50 plantes envahissantes – protéger la nature et l’agriculture, Publications du Québec, 2019. 

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Written by Stephanie

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