in

Le rebond de la production viticole française suspendu à la sécheresse


Vignoble de la Côte de Beaune, en Bourgone, le 14 juillet 2022.

« La douce musique du pressoir a repris », se félicite Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants. Il a débuté les vendanges de ses blancs lundi 8 août, soit quinze jours plus tôt qu’il y a un an. Et la chaleur qui a accéléré le rythme végétatif continue de peser sur son domaine, situé à Fitou dans l’Aude. « A midi, nous avons entre 36 °C et 37 °C et le soir le thermomètre ne descend pas en dessous des 27 °C ». Une situation qualifiée d’inédite par M. Fabre.

« Habituellement, étant au bord de l’étang de Leucate, nous avons des nuits plutôt fraîches. Or, cette année nous n’avons pas d’entrée maritime et donc pas de fraîcheur le soir, et la journée le mercure dépasse les 35 °C depuis trois semaines, un mois ». Il a même mesuré des pointes à 60 °C au pied des souches plantées dans les sols schisteux. « Il est difficile pour moi d’appréhender l’impact de ce stress thermique qui s’ajoute au stress hydrique sur la récolte », ajoute le vigneron. Il compte sur des précipitations en fin de semaine pour faire baisser la tension sur les vignes soumises à rude épreuve.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés De nouvelles fortes chaleurs s’annoncent, accentuant une sécheresse estivale sans précédent

Même attente fébrile de la pluie en Bourgogne. « On sent beaucoup d’inquiétude. Le mois de juin a été très pluvieux et les vignes ont vécu sur ce capital. Mais depuis, nous n’avons pas eu une goutte d’eau et nous arrivons à la limite. Dans certaines parcelles, tout s’est arrêté. J’ai même décidé de retarder le début des vendanges. J’espère attaquer entre le 25 et le 29 août alors que je prévoyais un début entre le 22 et le 25 août. Il suffirait de 10 mm d’eau pour que tout redémarre. Les quinze prochains jours vont être déterminants », raconte Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne.

Ces incertitudes sur l’impact de la sécheresse actuelle n’ont pas échappé à Agreste, le service de la statistique du ministère de l’agriculture. Comme chaque année, il s’est livré à l’exercice délicat de la prévision des volumes viticoles en France. Avec une certitude toutefois, tous les vignobles répartis sur le territoire sont en avance, donc les vendanges seront précoces. Selon les chiffres publiés mardi 9 août, il table sur une production comprise entre 42,6 et 45,6 millions d’hectolitres. Soit en net rebond, dans une fourchette comprise entre 13 % et 21 %, après la piètre récolte de 2021. La France retrouverait, si ces chiffres se confirmaient, les volumes collectés en moyenne ces cinq dernières années. « Cependant la sécheresse de surface associée aux canicules, si elles venaient à se poursuivre jusqu’aux vendanges pourrait entamer cette hausse », souligne prudemment Agreste.

Il vous reste 49.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

L’Intelligence artificielle va-t-elle remplacer le psy ?

Disney+ compte désormais 152 millions d’abonnés à travers le monde