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La canicule et la sécheresse en Chine représentent une “grave menace” pour les récoltes d’automne, ont averti mercredi les autorités, au moment où le pays, vulnérable sur le plan alimentaire, affronte des températures record.
Les conséquences de la vague de chaleur qui traverse actuellement la Chine se multiplient. Les températures record, qui provoquent l’assèchement des cours d’eau, mettent désormais en péril les récoltes, ont averti, mercredi 24 août, les autorités qui craignent pour la sécurité alimentaire du géant asiatique.
Depuis le début de ses relevés météorologiques en 1961, la Chine n’avait jamais connu d’été aussi chaud, une canicule historique tant par sa durée que par son ampleur.
Principal réservoir d’eau potable du pays, le fleuve Yangtsé est à sec en de nombreux endroits, affichant un sol craquelé, tandis que depuis deux mois, de nombreuses villes chinoises vivent au rythme des alertes quotidiennes aux fortes chaleurs, forçant les autorités à rationner l’électricité.
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Ces conditions météo représentent un défi pour l’agriculture, dans un pays déjà en temps normal en déficit de terres cultivables. La sécheresse est notamment problématique pour les cultures de riz et de soja, très gourmandes en eau.
Dans ce contexte, plusieurs ministères ont appelé mardi à prendre des mesures pour protéger les cultures et à utiliser chaque goutte d’eau avec “parcimonie”.
“L’étendue rapide de la sécheresse, exacerbée par des températures élevées et des dommages causés par la chaleur, fait peser une grave menace sur la production agricole d’automne”, souligne un avis publié notamment par le ministère de l’Agriculture.
La sécurité alimentaire en question
Ces derniers mois, des spécialistes s’inquiétaient déjà pour les récoltes du pays, en raison des restrictions sanitaires contre le Covid qui perturbent les échanges et la logistique et ont retardé les semences au printemps.
La sécurité alimentaire est un sujet sensible en Chine car le pays a dans son histoire été frappé par des épisodes de famine.
La Chine assure plus de 95 % de ses besoins en riz, blé et maïs. Mais de mauvaises récoltes risquent d’accroître les importations du pays plus peuplé du monde, au moment où l’offre de céréales est déjà mise à mal par la guerre en Ukraine.
La sécheresse risque de causer la perte de 20 % des récoltes, estime Faith Chan, professeur associé de sciences géographiques à l’université de Nottingham Ningbo (Chine). “Mais cela dépendra de l’évolution de la canicule qui pourrait durer encore une ou deux semaines”, selon lui.
Plusieurs grandes villes enregistrent les journées les plus chaudes de leur histoire, avec jusqu’à 45°C relevés dans le Sud-Ouest du pays.
“C’est la pire vague de chaleur jamais enregistrée” en Chine, assure à l’AFP le responsable climat et énergie de Greenpeace pour l’Asie de l’Est, Liu Junyan, basé à Pékin.
Et “l’impact du changement climatique s’intensifie (…), donc il est probable que des records de chaleur soient à nouveau battus l’an prochain”, ajoute-t-il.
Sobriété énergétique
La municipalité-province de Chongqing (Sud-Ouest), où habitent 31 millions de personnes, est depuis plusieurs jours sur le podium des villes de Chine les plus chaudes.
“J’ai trop chaud pour dormir la nuit et chaque matin je suis réveillé par la chaleur”, soupire un étudiant âgé de 20 ans rencontré par l’AFP, Xu Jinxin.
Limitrophe, la province du Sichuan a battu mercredi un nouveau record de chaleur : 43,9 °C.
Début août, les services météorologiques chinois ont reconnu que le pays a vu depuis 1951 ses températures augmenter deux fois plus vite que la moyenne mondiale, une tendance qui devrait se poursuivre à l’avenir.
En manque d’eau pour ses cultures, la Chine tente de provoquer artificiellement des pluies en lançant dans le ciel des projectiles chargés avec de l’iodure d’argent, selon des images de la télévision publique CCTV.
L’assèchement des cours d’eau, qui alimentent les barrages hydrauliques, force par ailleurs les autorités à rationner localement l’électricité, au moment où les habitants font tourner à plein régime les climatiseurs pour se rafraîchir.
Le manque d’eau est crucial notamment dans la province du Sichuan (Sud-Ouest), qui compte près de 84 millions d’habitants et dépend à 80 % des barrages pour son électricité.
Par mesure d’économie, nombre d’usines et d’entreprises ont suspendu leur activité, tandis que les centres commerciaux à Chongqing ne peuvent plus ouvrir que de 16 h à 21 h. La ville a également réduit l’éclairage dans le métro et éteint ses panneaux publicitaires.
Ces difficultés posent également un défi au poumon économique de la Chine, où les régions côtières du Jiangsu et du Zhejiang ainsi que l’Anhui (Est) sont alimentées par l’électricité du Sichuan.
Avec AFP