in

Bruno Latour, penseur du « nouveau régime climatique », est mort

[ad_1]

Bruno Latour, à Paris, en janvier 2022.

Le sociologue, anthropologue et philosophe Bruno Latour est mort dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 octobre à l’âge de 75 ans, à Paris, a appris Le Monde de sources familiales et des éditions La Découverte. C’est l’un des intellectuels français les plus importants de sa génération qui disparaît, après une longue lutte contre la maladie. « Le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français », avait écrit le New York Times, le 25 octobre 2018.

Célèbre et célébré à l’étranger, récipiendaire du prix Holberg (2013) et du prix de Kyoto (2021) pour l’ensemble de ses travaux, Bruno Latour fut, en effet, un temps incompris en France, tant ses objets de recherche semblaient disparates, ce qui pouvait masquer une grande cohérence. Il faut dire qu’il a touché à presque tous les domaines du savoir : l’écologie, le droit, la modernité, la religion et, bien sûr, les sciences et les techniques, avec ses inaugurales et détonantes études sur la vie de laboratoire. D’autant que, à l’exception notable de Michel Serres, avec qui Bruno Latour conçut un livre d’entretiens, Eclaircissements (François Bourin, 1992), la philosophie en France s’est souvent tenue à l’écart de la pensée et de la pratique des sciences.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Bruno Latour : « L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes »

« Il fut le premier à percevoir que l’enjeu de la pensée politique résidait tout entier dans la question écologique », rappelle le sociologue Bruno Karsenti, comme en témoigne, dès 1999, la publication de Politiques de la nature (La Découverte), écrit en consonance avec Le Contrat naturel de Michel Serres (1990). Mais ce sont sans doute deux livres consacrés à l’écologie, délivrés sous forme de questions, Où atterrir ? (La Découverte, 2017) et Où suis-je ? (La Découverte, 2021), qui ont fait plus largement connaître au grand public ce sociologue iconoclaste.

Né le 22 juin 1947 à Beaune (Côte-d’Or), dans une grande famille bourgeoise de négociants en vin, il est devenu l’un des philosophes les plus influents de notre temps, inspirant une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et d’activistes soucieux de remédier au désastre écologique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Aux origines du désastre écologique

Depuis « l’intrusion de Gaïa », comme l’écrit la philosophe Isabelle Stengers, avec qui il entretint une longue amitié intellectuelle (racontée par Philippe Pignarre dans Latour-Stengers, un double vol enchevêtré, Les Empêcheurs de penser en rond, 2021), Bruno Latour n’a cessé de penser le « nouveau régime climatique » dans lequel nous vivons (Face à Gaïa, La Découverte, 2015). Car « nous avons changé de monde », expliquait-il, depuis que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène, au sein de laquelle l’homme devient une force géologique. « Nous n’habitons plus la même Terre », assurait-il. Les Modernes ont cru, à partir du XVIIsiècle, que la séparation entre la nature et la culture, entre les objets et les sujets, était effective. Ils ont soutenu que les « non-humains » étaient des choses qui nous étaient étrangères, alors qu’ils n’arrêtaient pas de composer avec eux. C’est en ce sens que « nous n’avons jamais été modernes », comme il le proclamait dans un livre du même nom (La Découverte, 1991).

Il vous reste 86.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

l’effondrement des populations de grenouilles entraîne des poussées de paludisme

Les plus anciens amas globulaires jamais observés sont sur cette image de James-Webb