in

des dépollueurs qui intéressent l’industrie


Voilà une collection qui ne moisira pas dans un placard. Un défi, étant donné ses objets fétiches : plus de 3 000 souches de champignons, représentant 639 espèces de tous les continents. Soit autant de tubes immergés dans de l’azote liquide, à – 196 °C, au rez-de-chaussée d’un laboratoire de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), à l’université Aix-Marseille.

N’en déplaise aux gourmets, il ne s’agit pas ici de champignons comestibles. « Nous nous intéressons à des champignons capables de dégrader la matière végétale morte, dans un contexte économique et écologique de valorisation de la biomasse, explique Jean-Guy Berrin, du laboratoire Biodiversité et biotechnologies fongiques. Ces organismes saprophytes pratiquent depuis toujours l’économie circulaire. » Soit autant de minuscules soldats recrutés dans le recyclage du carbone issu du vivant. Ces champignons sont dits « filamenteux » car ils poussent en formant des filaments, ou hyphes (c’est aussi le cas des champignons comestibles, dont les chapeaux ne constituent que la fructification visible, leur plus grande partie, souterraine et plus durable, étant tissée par un réseau de filaments, ou mycélium).

Les champignons saprophytes intéressent aussi le secteur des biotechnologies et de la pharmacie. Ils sont en effet capables de produire en quantités des antibiotiques, des enzymes, des acides organiques… La pénicilline, par exemple, le tout premier antibiotique à avoir été identifié, en 1928 – une découverte fortuite d’Alexander Fleming – est produite par un champignon filamenteux, Penicillium notatum.

Le Tramète versicolor est un champignon qui contient certaines enzymes permettant de produire des biocarburants. 

Les souches de la collection marseillaise ont été récoltées, depuis les années 1990, dans des forêts du monde entier. Parmi elles, 62,8 % proviennent d’Europe, 12,6 % d’Amérique du Sud, 10,6 % d’Amérique centrale, 8,1 % d’Asie, 3,1 % d’Amérique du Nord, 1,6 % d’Afrique et 1,2 % d’Océanie. A Marseille, elles sont tour à tour décongelées, cultivées in vitro puis passées au crible d’une batterie d’examens. Les chercheurs caractérisent leur génome et identifient leurs protéines. Ils scrutent tout particulièrement leurs enzymes. Ces précieuses molécules, spécialisées dans la transformation de divers composés biologiques, peuvent en effet être détournées de leurs cibles naturelles pour être reconverties dans un usage industriel ou écologique. En novembre 2021, cette équipe a dressé un bilan des perspectives d’applications bioéconomiques pour environ un tiers – soit plus d’un millier – de ces souches.

Il vous reste 63.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

découvrez le son premium Fidelio avec cette barre de son polyvalente !

le monde de Pandora peut-il exister ?