Les fournisseurs d’électricité sont-ils aux abonnés absents ? Pour les organismes HLM qui tentent actuellement de renouveler leurs contrats, l’heure est au doute et à l’inquiétude.
Le contrat de fourniture d’électricité de Seine-Saint-Denis Habitat, qui regroupe 33 000 logements sociaux, prendra fin au 31 décembre 2022. L’organisme HLM départemental a organisé coup sur coup trois consultations avec les fournisseurs EDF, Engie et TotalEnergies (sélectionnés auparavant dans un accord-cadre), le 13 puis le 20 octobre. Aucun des trois fournisseurs n’a souhaité remettre d’offre.
Le 25 octobre, le bailleur ayant renoncé à toute flexibilité – ce dispositif qui permet de raccorder de nouveaux points de livraisons d’électricité au même tarif, par exemple en cas de livraison de constructions neuves au cours du marché –, Engie et TotalEnergies ont répondu. « Mais avec des offres à des niveaux de prix insupportables pour notre organisme et, surtout, pour nos locataires », indique Stéphane Troussel, le président (Parti socialiste) du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.
Les deux fournisseurs proposaient un prix moyen de 720 euros TTC le mégawattheure (MWh), contre 169 euros pour le contrat actuel du bailleur social. « Notre facture annuelle s’élève aujourd’hui à 4,5 millions d’euros, elle serait passée à plus de 18 millions d’euros », précise Bertrand Prade, le directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat, qui avait quatre heures pour se décider, et a finalement décliné l’offre. « Nous sommes donc à ce jour sans solution. Nous relancerons une consultation dans quelques jours », dit-il.
« Le temps presse désormais »
Le scénario est quasi identique pour Paris Habitat, qui regroupe 125 000 logements sociaux, pour l’essentiel dans la capitale, et dont le contrat de fourniture d’électricité arrivera à terme en fin d’année. Le 18 octobre, sa première consultation a été déclarée infructueuse, les trois fournisseurs présélectionnés (là encore EDF, Engie et TotalEnergies) n’ayant pas donné suite.
« La crispation du marché fait que les fournisseurs limitent la prise de risque : ils ne veulent plus de contrat à prix fixe ou de courte durée, ni de flexibilité », explique Cyrille Fabre, directeur de l’exploitation chez Paris Habitat. Parmi eux, EDF, en passe d’être nationalisé, se montre particulièrement frileux. « La plupart du temps, désormais, EDF ne remet d’offre que s’il est déjà le fournisseur sortant, poursuit M. Fabre. Le marché est tellement en tension, avec des particuliers qui reviennent en masse vers EDF, que celui-ci a peur de ne pas être en capacité technique de faire les bascules, si la demande est trop forte. » Interrogé, l’énergéticien a indiqué au Monde que les conditions des appels d’offres ne lui avaient pas convenu, notamment parce que le périmètre concerne « plusieurs sites et bâtiments ».
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