L’insolente santé financière de la plateforme OnlyFans

OnlyFans a le vent en poupe. La plateforme britannique, connue pour les vidéos érotiques et pornographiques qu’elle héberge, a dévoilé jeudi des chiffres révélant une très bonne santé financière.

Leo Radvinsky, le propriétaire de la plateforme depuis 2018, a ainsi récolté pour plus de 500 millions de dollars de dividendes en deux ans. Dans le détail, l’entrepreneur et ex-pornographe américano-ukrainien a récolté 284 millions de dollars en 2021 et déjà 233 millions de dollars cette année, ce qui fait de lui l’un des entrepreneurs de la tech les mieux rémunérés outre-Manche.

Modèle attractif

Lancée en 2016, OnlyFans permet à des créateurs de contenu de vendre des photos et des vidéos directement à leurs fans moyennant un abonnement compris entre 5 et 50 euros par mois. La plateforme se rémunère en prélevant une commission de 20 % sur chaque abonnement.

Attirés par ce modèle de rémunération qui leur permet de monétiser leurs vidéos sans dépendre des studios de production ni de la publicité sponsorisée, des milliers de créateurs de contenu ont afflué sur la plateforme. OnlyFans devient à ce moment-là une alternative séduisante à Instagram, un réseau qui impose par ailleurs de strictes règles concernant la nudité.

Le tournant du confinement

OnlyFans prend un tournant en 2018 avec le rachat de 75 % des parts de Fenix International, la maison mère d’OnlyFans, par Leo Radvinsky. L’homme d’affaires, fondateur du site MyFreeCams, disposait d’une solide expérience dans la pornographie en ligne.

A la faveur du confinement, la notoriété d’OnlyFans a explosé : le site comptait 10 millions d’inscrits en juillet 2019 et 100 millions en janvier 2021. Aujourd’hui, 188 millions d’inscrits ont la possibilité de s’abonner à 2,1 millions de créateurs de contenu.

Doublement du chiffre d’affaires

Cette ruée vers OnlyFans se ressent dans les chiffres dévoilés jeudi par la plateforme. Dans les douze mois précédant novembre 2021, le résultat avant impôt du site est passé de 61 millions de dollars à 433 millions de dollars. Des résultats bien supérieurs à ceux de MindGeek, le géant de la pornographie aux manettes de Pornhub et YouPorn. Sur la même période, le chiffre d’affaires d’OnlyFans, lui, a plus que doublé, passant de 358 à 932 millions de dollars.

Au total, les internautes ont dépensé en 2021 plus de 4,8 milliards de dollars pour accéder au contenu exclusif de leurs profils préférés. 80 % de ce montant est directement allé aux créateurs, soit 3,8 milliards de dollars.

Diversification contrariée

Ces dernières années, OnlyFans tente, sans grand succès, de se forger une image plus policée, notamment pour attirer davantage d’investisseurs. La plateforme répète par exemple que la quantité de contenu non pornographique est en constante augmentation. Mais pour l’instant, le site n’a dévoilé aucun chiffre permettant de corroborer ces affirmations.

L’année passée, OnlyFans avait pris tout le monde de court en annonçant interdire les contenus « sexuellement explicites » , alors qu’ils assurent une grande partie du trafic sur le site. Des changements « nécessaires pour nous conformer aux requêtes de nos partenaires financiers et services de paiement en ligne », avait expliqué l’entreprise. Réticentes à l’idée d’être associées à la pornographie, les banques avaient en effet menacé la plateforme de suspendre les paiements sur son site internet. Finalement, les banques avaient abandonné leurs menaces, et les contenus à caractère sexuel, qui assurent une grande partie des revenus de la plateforme, ont continué à affluer.