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Face aux résistances aux antibiotiques, un nouveau regard sur les phages

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Le livre. Après avoir été relégués au rang d’outils de laboratoire dans les pays occidentaux, les phages, ces virus des bactéries découverts au début du XXe siècle, suscitent un regain d’intérêt face aux résistances aux antibiotiques. Comment développer des thérapies phagiques en s’affranchissant de la logique éradicatrice qui accompagne l’usage abusif des antibiotiques, tant en santé animale qu’en santé humaine ?

Telle est la question explorée par l’anthropologue Charlotte Brives, dans son livre Face à l’antibiorésistance. Une écologie politique des microbes, préfacé par le philosophe Bruno Latour, récemment disparu. Et il s’agit, selon l’approche féministe des sciences and technology studies qu’elle adopte, de déconstruire l’infrastructure mise en cause, depuis le langage guerrier réduisant les microbes à leur dimension pathogène jusqu’à la production en masse des antibiotiques par le système capitaliste, en passant par leur évaluation selon les critères de la médecine fondée sur les preuves. « Que peut alors signifier la pratique d’une médecine fondée sur l’éradication des microbes quand les relations que nous entretenons avec ceux-ci nous apparaissent bien plus complexes et foisonnantes qu’une simple relation de pathogénicité ? », interroge-t-elle.

Un quête de nouveaux modèles

Son enquête riche et originale débute avec l’histoire d’André, un homme paraplégique atteint d’infections urinaires récalcitrantes auquel deux médecins ont refusé l’aide initialement promise pour l’administration de phages achetés en Géorgie. D’où une colère que l’autrice décrit avec empathie tout en en révélant la dimension politique. « Il serait très facile de minorer le discours d’André pour son outrance et ses accents “complotistes”, d’exclure André des discussions pour sa propension à ne pas respecter les règles implicites. Ce qui me fascine en l’écoutant est plutôt la façon dont il traduit politiquement sa vie avec certains micro-organismes : il semble exister une solution ; cette solution n’est pas disponible en France », analyse-t-elle.

Elle entraîne alors le lecteur dans une réflexion sur les multiples potentialités des phages, des bactéries et leurs interactions avec leurs environnements, dont le corps humain, à travers la visite d’un laboratoire de microbiologie, les questionnements des infectiologues face aux arbitrages entre amputation et nouvelle tentative thérapeutique, ou les limites des cadres réglementaires.

Si le livre sera plus facile d’accès aux lecteurs familiarisés avec la sociologie des sciences qu’aux néophytes, son intérêt réside aussi dans la quête par l’autrice de nouveaux modèles qui, sans renier les méthodes de la médecine fondée sur les preuves, viennent les enrichir. C’est le cas des thérapies sur mesure développées à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, ou à l’hôpital militaire Reine-Astrid, à Bruxelles, reposant sur la recherche des réponses les plus justes à des situations médicales complexes face auxquelles il ne s’agit plus de prétendre pouvoir éradiquer à tout prix, mais d’accepter et de rendre vivable.

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Written by Milo

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