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« Netflix est devenu un des principaux producteurs du cinéma d’auteur dans le monde » estime le patron de la Mostra

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Publié le 8 sept. 2022 à 12:00

Peut-on dire que Netflix a contribué à relancer la Mostra ?

Nous avons été le premier festival à inviter un film de Netflix : « Beasts of no nation » de Cary Joji Fukunaga en 2015. A l’époque, Netflix n’était pas encore la puissance qu’ils sont devenus en si peu de temps. Il n’y avait pas eu de polémique. C’est à Cannes qu’a eu lieu la révolte des exploitants et des distributeurs lorsque le film du coréen Bong Joon-ho, « Okja », a été présenté en 2017. A la différence de ce qui se passe à Cannes, la Biennale, fondation de droit privé, me garantit une autonomie totale et absolue dans le choix des films. En Italie, il n’y a pas de chronologie des médias . A la différence de la France où ils peuvent imposer leur veto, les exploitants de salles n’ont pas d’influence directe sur la Mostra. En France, même Jérôme Seydoux (NDLR : le Président de Pathé) a d’ailleurs changé d’avis sur le sujet. L’unique critère pour moi est de nature esthétique pour choisir les films. Je ne regarde pas d’où ils viennent et je n’utilise aucun critère géopolitique.

Pensez-vous que les services de streaming peuvent devenir des partenaires durables pour le cinéma indépendant ?

Les plateformes sont là pour rester. Il n’y a pas que Netflix aujourd’hui : Disney +, Apple, Amazon… Disney a porté « The last Duel » l’année dernière à Venise. Nous avons eu des films d’Amazon, de HBO… Même en France, tôt ou tard, la barrière tombera . Pour Cannes, le fait que Thierry Frémaux n’ait pas pu présenter « Roma » et « Blonde » qui étaient prêts à ce moment-là, est évidemment un préjudice. Pour nous, cela a été une chance. Nous présentons quatre films de Netflix cette année. Certains diront que c’est trop. Mais Netflix est devenu un des plus grands producteurs du cinéma d’auteur dans le monde. Qui d’autre pouvait financer « The Irishman » ou le film de Noah Baumbach, « White Noise », qui a coûté plus de 120 millions de dollars et n’a pas forcément un potentiel commercial énorme ? Le film « Bardo » d’Inarritu et « Blonde » sont des films très attendus, de même qu’« Athena » de Romain Gavras qui est très original.

N’est-ce pas néanmoins un danger pour l’avenir du cinéma en salles ?

La « Main de Dieu » de Paolo Sorrentino a été un des plus gros succès en salles en Italie de ces deux dernières années. Même après sa diffusion sur Netflix, le film est resté en salles en Italie. Je suis persuadé que Netflix accordera de plus en plus ce genre de fenêtres, même s’ils ne le crient pas sur les toits . « Bardo », le dernier film d’Alejandro Inarritu sortira en salles. Il faut le voir sur grand écran. Je crois que Romain Gavras voudrait aussi sortir son film « Athena » en salles, mais ce sera difficile en France. C’est devenu un problème typiquement français. Les fenêtres imposées par la chronologie bloquent tout.

Croyez-vous à une véritable renaissance du cinéma italien ?

Du point de vue de la production, oui. On est passé en l’espace d’un an de 120 à 250 films produits cette année. C’est une folie. Il y a eu une profusion de financements à disposition. Tout le monde s’est jeté dans la production. Hélas c’est au détriment de la qualité. Mais c’est une erreur stratégique. Nous n’avons pas un marché suffisant pour absorber un tel nombre de titres. Certains films sont excellents comme « Bones and All » de Luca Guadagnino qui est à Venise. Mais la plupart des nouveaux films ont été décevants. Cela risque d’élargir le fossé entre le cinéma italien et son public qui est déjà inquiétant. On ne peut conquérir la confiance du public qu’à travers la qualité. La capacité d’absorption du marché est de 90 films par an.

Comment expliquez-vous cette récente renaissance de la Mostra de Venise depuis quelques années ?

Quand je suis arrivé il y a douze ans, la Mostra était dans une phase de déclin et subissait la concurrence croissante des festivals de Toronto et de Telluride. Le risque était que la Mostra ne soit plus à la hauteur de son passé. Avec Paolo Baratta, le Président de la Biennale de l’époque, nous avons construit un vrai projet de relance. Nous avons rénové toutes les structures d’accueil pour les remettre au meilleur niveau en faisant un énorme investissement financier. J’ai aussi resserré la programmation en passant de 120 à 69 films en première mondiale dans les quatre sections du festival, afin de relever le niveau de la qualité. C’est une manière de renforcer leur visibilité. En outre, nous avons lancé notre programme Biennale College en vue de développer et de financer plus de 80 projets de jeunes auteurs, en partie financés par la Biennale, comme le film thaïlandais « Mary is happy, Mary is happy » ou « Dark Night » de Tim Sutton. C’est ainsi que nous avons convaincu les producteurs et les distributeurs à revenir à Venise.

Comment avez-vous réussi à convaincre les studios américains de revenir à Venise ?

J’ai fait le tour du monde pour expliquer ce projet de relance. Au fil du temps, les studios américains et les distributeurs qui préféraient aller à Toronto sont revenus à Venise. En 2017, nous avons créé le premier concours international exclusivement dédié à la réalité virtuelle qui est devenu une référence. C’est ainsi que nous avons réussi à avoir « Gravity » d’Alfonso Cuaron qui avait eu l’Oscar pour la meilleure réalisation en 2013. L’année suivante, « Birdman » d’Inarritu a eu l’oscar du meilleur film. A la différence de Cannes qui arrive un peu trop tôt dans la saison, notre calendrier nous permet de servir de rampe de lancement pour les Oscars. Cela arrange les studios. Quatre films de Venise ont remporté l’Oscar du meilleur film. En neuf ans, sept films présentés à Venise ont remporté l’Oscar pour la meilleure réalisation. Aucun autre festival au monde ne peut se targuer d’avoir eu une telle continuité. Cela bénéficie aussi aux films indépendants du monde entier qui profitent de ce formidable effet d’entraînement en termes d’exposition.

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Written by Germain

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