Des mini trous noirs pourraient traverser votre maison, selon les dernières recherches scientifiques

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Les trous noirs ne sont plus seulement cantonnés à des régions lointaines du cosmos ou aux films de science-fiction : des physiciens de renom avancent aujourd’hui l’idée que des mini trous noirs pourraient littéralement traverser nos maisons, nos corps, nos villes — chaque jour, sans que personne ne s’en rende compte. Cette hypothèse repose sur l’existence théorique des « trous noirs primordiaux », des entités cosmiques ultra-compactes formées quelques fractions de seconde après le Big Bang. Invisibles et indétectables, ils pourraient être partout autour de nous, y compris dans votre salon. Selon les dernières publications du Professeur Dejan Stojkovic (University at Buffalo), jusqu’à 1 000 de ces objets invisibles pourraient traverser chaque mètre carré de la Terre chaque année.


Qu’est-ce qu’un trou noir primordial (PBH) ?

Contrairement aux trous noirs stellaires, qui se forment lorsqu’une étoile massive s’effondre sur elle-même, les trous noirs primordiaux (PBH) seraient apparus dans un univers encore jeune, chaud et dense, à la suite de fluctuations gravitationnelles extrêmes. Ces anomalies de densité auraient provoqué la formation de micro-singularités bien avant que la première étoile n’existe. Décrits pour la première fois dans les années 1970 par Stephen Hawking et Bernard Carr, les PBH couvrent une large gamme de masses, allant de quelques microgrammes à plusieurs fois la masse du Soleil. Ce spectre ouvre un éventail de comportements physiques potentiels — certains s’évaporant par rayonnement de Hawking, d’autres subsistant jusqu’à aujourd’hui comme candidats crédibles à la matière noire.


Pourquoi sont-ils si difficiles à détecter ?

Un trou noir primordial de masse faible — de l’ordre de 10 microgrammes — est si compact qu’il passerait à travers la matière solide sans la perturber. Sa taille physique est bien inférieure à un atome, ce qui le rend pratiquement indétectable à nos instruments actuels. De plus, ces objets n’émettent aucun rayonnement significatif (sauf, possiblement, en fin de vie via le rayonnement de Hawking). Ainsi, contrairement à un astéroïde ou à une particule chargée, ils n’interagissent presque pas avec la matière. Le professeur Sarah Geller, de l’Université de Californie à Santa Cruz, explique que « si un PBH passe à travers votre corps, cela revient à une balle tirée dans une brume : aucune résistance, aucun effet mesurable. »


Peuvent-ils représenter la matière noire ?

La matière noire constitue environ 27 % de la masse de l’univers, mais elle demeure non identifiée. Les PBH constituent l’un des candidats les plus séduisants pour l’expliquer. En effet, ils possèdent les propriétés nécessaires : invisibilité électromagnétique, masse gravitationnellement significative, et stabilité sur l’échelle de l’âge de l’univers. Plusieurs publications récentes, dont celle de Green & Kavanagh (2020) et Carr & Kühnel (2024), plaident pour une réévaluation sérieuse de cette hypothèse. Si les PBH constituent effectivement la matière noire, cela signifierait qu’ils sont littéralement partout autour de nous — dans l’espace interstellaire, mais aussi dans notre système solaire et nos maisons.


Comment les détecter ?

Les scientifiques tentent d’identifier des méthodes indirectes de détection. Parmi les plus prometteuses : les perturbations dans les orbites planétaires (comme celles de Mars), la formation d’ondes gravitationnelles lors de fusions asymétriques de PBH, ou encore la recherche de microlensing gravitationnel (amplification temporaire de la lumière d’une étoile de fond). Des programmes comme OGLE, EROS et Gaia ont déjà permis d’éliminer certaines plages de masse pour les PBH, mais de nombreuses fenêtres restent ouvertes. Des idées plus exotiques incluent la recherche de traces dans les roches terrestres ou lunaires laissées par des PBH traversant la matière à grande vitesse, laissant potentiellement un canal microscopique identifiable.


Et si un mini trou noir me frappait ?

Si vous êtes frappé par un PBH de très faible masse, vous ne le ressentirez probablement pas. Mais si un PBH d’une masse plus importante (disons 10^15 kg) venait à traverser votre crâne, l’effet serait comparable à une balle de fusil extrêmement concentrée. Le transfert d’énergie pourrait vaporiser une ligne de cellules, créer un minuscule tunnel à travers la matière, et déclencher une onde sismique. Toutefois, les chances d’un tel événement sont quasi nulles : selon Geller, cela reviendrait à toucher une brindille spécifique en lâchant une cacahuète depuis l’espace. Un phénomène fascinant mais rassurant pour le quotidien.


Sources et références scientifiques

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