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TotalEnergies joue la montre dans le gaz en Russie


C’était en décembre 2017, au nord de la péninsule de Yamal, en Sibérie. Ce jour-là, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, inaugurait une usine de liquéfaction de gaz dans l’Arctique. Le géant des hydrocarbures était alors au sommet d’une longue relation privilégiée avec la Russie. Celle-ci avait d’ailleurs été consacrée par Vladimir Poutine, quelques jours auparavant, à Saint-Pétersbourg, lors du baptême du premier méthanier de l’entreprise, le Christophe-de-Margerie, du nom de l’ancien patron, mort en 2014 dans un crash d’avion.

Quelques années plus tard, changement de décor. La guerre en Ukraine s’éternise, les principaux groupes d’hydrocarbures (BP, Shell et Equinor, notamment) ont, depuis longtemps, acté leur volonté de quitter la Russie. Mais, TotalEnergies, lui, peine à renoncer. Et joue la montre pour rester.

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Certes, en mars, et compte tenu des sanctions européennes qui frapperont l’or noir russe fin 2022, la direction du groupe a confirmé qu’il cesserait d’importer du pétrole et des produits pétroliers d’ici à la fin de l’année. Elle a aussi souligné qu’elle procéderait à une « suspension progressive de ses activités », mais sans fixer de date précise. La décision de Bruxelles d’attendre 2027 pour appliquer un embargo sur le gaz russe permet aussi à TotalEnergies de temporiser et de justifier sa présence sur place, tout en renvoyant implicitement la responsabilité sur les dirigeants politiques.

Car TotalEnergies en Russie, c’est essentiellement du gaz. En 2021, ce dernier représentait 85 % de sa production d’hydrocarbures dans ce pays. Le groupe français détient des participations dans deux champs gaziers. Il possède aussi 19,4 % du capital de la société russe Novatek (également son partenaire dans deux projets d’usine de gaz naturel liquéfié, GNL), qui est en partie détenue par deux oligarques proches de Poutine, Leonid Mikhelson (24 %), le président fondateur du groupe, et Gennadi Timtchenko (23 %), visé par les sanctions occidentales.

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Si la multinationale française invoque « sa position d’actionnaire minoritaire » pour nier tout rôle opérationnel, elle n’en récolte cependant pas moins les fruits des ventes de Yamal LNG (LNG est l’acronyme de GNL, en anglais), détenue principalement par Novatek. Avec une capacité de 17,4 millions de tonnes (Mt) par an, cette usine de liquéfaction continue d’exporter son GNL à des prix élevés. « De nombreux méthaniers partent du site, confirme Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales. On observe des navires qui prennent la voie du nord vers la Chine, mais, à mesure que l’hiver se rapproche, ils vont s’orienter davantage vers l’Europe. »

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Written by Stephanie

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