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Vers une nouvelle ère urbaine


Les aires urbaines produisent 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les réduire constitue un défi majeur pour les villes. D’autant que cette part pourrait augmenter rapidement avec le doublement de la population citadine, selon les projections sur les quinze prochaines années. Conscient de l’enjeu, le Forum de la résilience, organisé par la Métropole Rouen-Normandie les 6 et 7 octobre, dont Le Monde est partenaire, propose de débattre des solutions possibles et de leur pertinence.

« Nous ne pouvons pas continuer avec les mêmes pratiques urbaines qu’avant, des changements forts sont à opérer d’urgence, relève Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen-Normandie. Pour notre part, nous ne parlons plus de politique de végétalisation, mais de renaturation. La nature en ville, ce n’est pas trois plantes vertes, c’est une politique complète, systémique, à porter. » Et le chef de projet Prospective Energie-Ressources Transition(s) 2050 à l’Ademe, Jean-Louis Bergey, d’insister : « La résilience urbaine, c’est cette capacité à, certes, répondre aux événements climatiques exceptionnels, mais aussi à s’adapter sur le temps long. »

S’adapter sur le temps long, c’est développer des espaces ouverts de qualité, intégrant l’eau, la nature, la biodiversité. Les villes sont appelées à lutter contre le caractère trop minéral et l’artificialisation des sols, « renaturer » les espaces urbains jusqu’à végétaliser les toits plats, récupérer l’eau de pluie pour arroser les lieux publics ou alimenter les toilettes des logements, restaurer les corridors écologiques.

Concilier nature et pratique urbaine

A l’extrémité de la presqu’île Rollet, qui abritait un ancien dépôt de charbon transformé en parc, à Rouen, en juin 2021.

Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, les villes poursuivent la réappropriation de leur fleuve en prenant davantage en compte les enjeux environnementaux. La réhabilitation des friches fluviales et portuaires a souvent d’abord été soumise à des logiques de patrimonialisation, avec l’aménagement de promenades agrémentées d’activités urbaines (restaurants, salle de sport…), la construction d’équipements et de logements. Aujourd’hui, la requalification des berges est davantage pensée en matière d’espaces verts, car mettre en valeur le patrimoine végétal apporte un bien-être immédiat à la population. Il rend l’univers urbain plus hospitalier car il favorise interactions humaines et gestes d’entraide.

Entre les villes et la nature, « on est encore sur le mode “Je t’aime moi non plus” », relève néanmoins Nicolas Gilsoul, architecte paysagiste. Les villes ne savent pas toujours bien concilier nature et pratique urbaine. Le temps de croissance des arbres, les contraintes d’arrosage, le casse-tête d’imposer une limitation de la vitesse et du nombre de véhicules, de supprimer les parkings goudronnés, la crainte de soulever des désaccords chez les électeurs… tous ces phénomènes sont autant de freins à l’action des villes.

« Une vraie transition »

Aujourd’hui, bien souvent perçue comme difficile, la pleine participation citoyenne est rarement à la hauteur des enjeux. L’art et la culture sont un levier majeur pour embarquer les habitants. Loin de se résumer aux œuvres qui ornent l’espace public ou agrémentent des constructions, ils sont à même de prendre part au processus de transformation de la ville. Car ils introduisent un positionnement décalé par rapport au quotidien des citadins : cela libère leur parole et les sensibilise aux enjeux.

Lire aussi : Valérie Masson-Delmotte : « En matière de changement climatique, les villes doivent éviter la “mal-adaptation” »

« La dimension culturelle apporte de la poésie et de la positivité dans la transformation, alors que le réchauffement climatique, les inondations, les risques naturels peuvent être très anxiogènes », insiste Nicolas-Mayer Rossignol. Mais tout cela requiert une réelle volonté. « Retirer le goudron et le ciment pour permettre à l’eau d’être absorbée, sur un seul parking, c’est du “greenwashing”, relève Jean-Louis Bergey. En revanche, si c’est le premier chantier d’une longue série, on enclenche une vraie transition. »

Programme du Forum de la résilience

Comment les villes peuvent-elles agir face à la crise climatique ? Quelle place et quel rôle de la culture pour répondre au défi de la résilience ? Quels droits reconnaître au fleuve ? Quelle hospitalité pour nos espaces communs ? Autant de questions qui seront débattues les 6 et 7 octobre, lors de l’édition 2022 du Forum de la résilience, « Culture, une question capitale. Venez inventer les futurs ». Un événement conçu par la Métropole Rouen-Normandie et dont Le Monde est partenaire. Prendront part aux débats de ce forum, entre autres : des élus et acteurs de Rouen ; Jean-Marc Offner, président du Conseil stratégique plan-urbanisme-construction-architecture Popsu ; Jean-Louis Bergey, chef de projet prospective-énergie-ressources Transition(s) 2050 à l’Ademe ; Grégory Doucet, maire de Lyon ; Pénélope Komitès, adjointe à la mairie de Paris chargée de la résilience ; Jérôme Dubois, de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement d’Aix-Marseille ; Yoann Moreau, anthropologue et dramaturge ; Thierry Paquot, philosophe…

Renseignements et inscriptions :

Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec le Forum de la résilience, organisé par la Métropole Rouen-Normandie

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Written by Stephanie

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