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Les pics tapent les arbres comme d’autres oiseaux chantent


Pic mineur, au Québec, en février 2015.

Faites un sondage autour de vous. « Pourquoi les pics verts tapent-ils contre les arbres ? » La plupart de vos amis vous le diront : pour faire sortir les larves. Quelques autres ajouteront sans doute : pour creuser un trou et y loger. Réponses exactes. Mais si parmi eux se trouvent quelques amoureux des oiseaux, ou curieux omniscients, ils lâcheront, avec un sourire entendu : « pour communiquer ».

Car les ornithologues l’ont établi depuis fort longtemps, les 233 espèces de picidés connues ont trouvé dans le tambourinage un mode d’échange sonore particulièrement efficace. Qu’il s’agisse de s’identifier, de repousser des compétiteurs ou d’attirer des partenaires, et les voilà qui cognent avec une fréquence, un volume, une durée, un rythme (stable, accéléré, décéléré) caractéristiques de leur espèce et sans doute aussi de leur propre individualité.

Mais jusqu’où va cet outil d’interaction territoriale ? Dans un article publié le 20 septembre dans la revue PLOS Biology, une équipe américaine trace clairement le parallèle avec les chants des oiseaux les plus élaborés, ceux exprimés par 3 des 40 lignages aviaires : les passereaux chanteurs, les perroquets et les colibris. Chez tous ces Caruso, l’art de la sérénade n’est pas câblé à la naissance mais appris socialement, auprès d’un tuteur. Cet apprentissage s’accompagne d’une structure cérébrale particulière, avec des zones du cerveau antérieur dans lesquelles s’exprime un gène bien connu nommé PV, qui produit la protéine parvalbumine.

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Dans leur article, les chercheurs américains ont fouillé dans le cerveau de trois espèces de pics : le pic mineur, le pic chevelu et le pic à ventre roux. Et ils y ont retrouvé la même structure avec, là encore, des amas de neurones situés aux mêmes endroits et l’expression des mêmes gènes que chez leurs cousins siffleurs émérites. Plus spectaculaire encore : chez les pics, ces gènes restent muets lorsqu’ils crient – car ils savent aussi crier – mais s’activent lorsqu’ils tambourinent. A titre de contrôle, ils ont examiné les cerveaux de représentants de six autres groupes majeurs – flamants, canards, pingouins, rapaces… – et n’y ont rien trouvé de tel.

« Un signal en soi »

Un tel résultat ne surprendra sans doute pas les percussionnistes, convaincus qu’ils font chanter leurs peaux comme d’autres font vibrer leurs cordes vocales. Mais pour les zoologistes, il pose des questions majeures. Comment un tel comportement est-il apparu ? Faut-il y voir un langage ? Peut-on du moins en conclure que le tambourinage, comme le chant dans les trois groupes d’oiseaux ou la parole chez les humains, fait l’objet d’un apprentissage ?

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Written by Milo

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