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« Stigmatiser la psychiatrie, c’est vous voler le choix d’accéder aux soins »


Je m’appelle Paul. J’ai 37 ans et, depuis les confinements, j’ai l’impression que les choses ne reviennent pas comme avant. Je dors mal, je suis anxieux, parfois un peu triste. J’irais bien voir un psy, mais je me dis que c’est pour les fous, ces trucs-là, ou ceux qui n’ont pas de caractère. C’est bien connu. Alors je reste comme ça.

Je m’appelle Lucie. J’ai 16 ans et, plusieurs fois par semaine, je m’entaille les poignets. Jamais très profond pour le moment, mais parfois je pense aller plus loin. J’ai peur de ce qui pourrait se passer. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. J’en parle un peu aux copines. Elles me disent d’aller voir quelqu’un. C’est bizarre de parler de moi à un inconnu. Comment il pourrait m’aider sans me connaître ? Et s’il me jugeait ? Alors je reste comme ça.

Je m’appelle Victor, j’ai 25 ans, et on vient de m’annoncer que je souffrais probablement de schizophrénie. Mais le mec doit se tromper. Je n’ai pas deux personnalités, moi ! Et puis, je n’ai jamais fait de mal à personne. Il y a bien des choses qui me gênent depuis quelques mois et qui me font me sentir vraiment mal. Mais rien à voir avec ce qu’il y a dans les films ou les séries. Il se trompe, et je ne retournerai pas le voir. Alors je reste comme ça.

Je m’appelle Pauline, j’ai 54 ans, et je viens de faire une tentative de suicide. J’ai pris des médicaments parce que je voulais que tout s’arrête. Je suis divorcée, les enfants vivent leur vie et je me sens seule. Et puis, on ne nous annonce que des mauvaises nouvelles, en ce moment. La guerre, la pandémie, la hausse des prix. Je devrais prévenir quelqu’un. Mais si je vais aux urgences, on va m’enfermer. C’est comme ça qu’ils font, quand on fait ces choses-là. Alors je reste comme ça.

En 2022, en France, la psychiatrie aurait des réponses et des outils à proposer à Paul, Lucie, Victor et Pauline. Cela aurait-il pu les aider ? Cela aurait-il été efficace ? Nous ne le saurons jamais. Bien qu’ils vivent des situations très différentes, ils ont un point commun. Guidés par un stéréotype, une idée reçue, une information peu précise ou carrément fausse, ils n’auront jamais l’occasion de se faire leur propre avis.

Sensationnel et fausses informations

Stigmatiser la psychiatrie, c’est vous voler le choix d’accéder aux soins. Vous empêcher de décider si elle peut vous convenir ou pas. Si elle peut vous aider ou pas. Caricaturer la psychiatrie, c’est vous laisser seul face à la souffrance. Utiliser les mauvais mots pour parler de la psychiatrie, c’est vous faire hésiter à en parler à vos proches.

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Written by Milo

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