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Le docteur Philippe Charlier, des cadavres exquis à l’initiation au vaudou


Philippe Charlier au Musée du quai Branly, le 16 octobre 2018.

Aussi loin qu’il s’en souvienne, Philippe Charlier a toujours aimé l’archéologie. A l’âge de 6 ans, il creuse un peu partout dans le jardin familial et finit par découvrir, étonné et fasciné, le squelette d’une taupe. A 12 ans, il est pris en stage sur un site de fouilles, dans un cimetière. D’un coup de pelle, il brise un crâne et fond en larmes. « J’avais peur d’avoir fait une bêtise. » La question du respect que les vivants doivent aux morts ne le quittera plus, tout comme sa passion pour l’exploration des sépultures.

Mais l’archéologie attendra qu’il ait marché dans les pas de ses parents, respectivement médecin de campagne et pharmacienne. Né le 25 juin 1977 à Meaux (Seine-et-Marne), Philippe Charlier empoche son bac à 16 ans et s’inscrit en fac de médecine. « Vous ne m’auriez pas aimé à l’époque, glisse-t-il sans ironie. Je ne sortais pas des bibliothèques, les livres étaient mes meilleurs amis, et j’étais terriblement arrogant. »

Redoubler la première année l’aide à redescendre sur terre. Il s’autorise plus de liberté et de légèreté, assiste à des conférences en archéologie, en histoire de l’art, et part en stage sur des sites de fouilles autour de la Méditerranée.

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Cette passion lui vaudra plus tard le surnom d’« Indiana Jones des cimetières ». L’image peut l’agacer, tant l’archéologue de cinéma profane les ruines et les tombes, sans intégrité scientifique ni respect des morts. Mais, comme lui, Philippe Charlier semble cultiver une double vie de scientifique et de baroudeur, impeccable costume-cravate d’un côté, blouson de cuir et barbe de trois jours de l’autre.

Trois doctorats et quelques polémiques

Dans une première vie, il revêt plus souvent sa blouse blanche de médecin légiste pour la justice, puis de médecin chef à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine. En parallèle, ses autopsies de cadavres historiques façon Cold Case : Affaires classées le font connaître du grand public. Avec d’autres spécialistes, il étudie les restes attribués à Richard Cœur de Lion, Diane de Poitiers ou encore Louis IX.

Philippe Charlier excelle aussi dans les médias et dans des émissions très suivies comme Secrets d’histoire. En interview, il partage ses connaissances encyclopédiques comme s’il racontait le scénario d’un polar, sans jamais prendre ses interlocuteurs de haut ni simplifier à outrance.

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Ce succès et son goût pour la lumière lui attirent fatalement des critiques, notamment pour sa reconstitution des visages de personnages historiques à partir de crânes leur étant attribués – Robespierre et Henri IV en particulier. Comme le relatait Le Monde en 2014, avec l’article « Polémiques sur le crâne supposé d’Henri IV », plusieurs experts remettent en question sa méthodologie et la rigueur de ses résultats, accusés d’être spectaculaires mais peu scientifiques. Lui rétorque accepter toute critique faisant avancer les techniques de reconstitution des visages, tout en dénonçant des querelles de chapelle liées à l’aura politique de ces personnages.

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Written by Milo

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