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Vers un tsunami de cancers liés à l’obésité


Au cours de la dernière décennie, la plus forte augmentation de la mortalité liée au cancer a été attribuable à l’obésité et à ses conséquences métaboliques. Avec la forte hausse du nombre de jeunes adultes en surpoids, il est à craindre que le pire reste à venir et que nous devrons faire face à une importante vague de cancers dans les prochaines années. 

Le cancer est au sens strict du terme une maladie génétique dans la mesure où ce sont des gènes défectueux qui sont responsables de son apparition et de sa progression. 

Dans la majorité des cas, cependant, ces gènes défectueux ne sont pas transmis par l’hérédité, mais apparaissent plutôt en réponse à différents facteurs du mode de vie qui facilitent leur expression. Des agresseurs toxiques comme le tabac, l’excès d’alcool, les rayons UV, bien entendu, mais aussi d’autres facteurs, comme le surpoids et la sédentarité. 

Contrôler l’exposition à ces facteurs de risque représente donc un prérequis essentiel pour prévenir le cancer et réduire autant que possible son impact négatif sur notre société.

Tabac versus surpoids

Une grande étude récemment publiée dans la prestigieuse revue Lancet est une bonne illustration de l’énorme contribution de ces différents facteurs liés au mode de vie sur le risque de cancer(1)

Globalement, en 2019, l’analyse montre que l’ensemble des facteurs de risque modifiables ont été responsables de 4,5 millions de décès causés par le cancer (une hausse de 20 % depuis 2010), ce qui représente près de la moitié de la mortalité liée à cette maladie à l’échelle mondiale. Les pays riches sont frappés de façon disproportionnée par le cancer, avec environ 25 % des décès totaux liés à cette maladie même s’ils ne représentent globalement que 13 % de la population mondiale.

Le tabac demeure le principal facteur de risque de cancer, étant responsable à lui seul d’environ 2,5 millions de décès liés à la maladie. La bonne nouvelle est que ce nombre de décès est quant à lui en baisse, avec une diminution de 10 %. La forte baisse du nombre de fumeurs qui s’est produite au cours des dernières décennies porte donc ses fruits et on peut prévoir qu’avec la diminution constante du tabagisme, en particulier chez les jeunes, ces décès vont continuer à diminuer significativement au cours des prochaines années. Les cancers liés à la consommation excessive d’alcool, quatre fois moindre que ceux dus au tabac, sont eux aussi en baisse.

À l’opposé, la mauvaise nouvelle apportée par l’étude est la contribution de plus en plus grande de l’obésité (et des désordres métaboliques qui en découlent) à la mortalité liée au cancer. 

En pratique, au cours de la décennie 2010-2019, le surpoids a représenté le facteur de risque responsable de la plus forte hausse de la mortalité causée par le cancer, avec une hausse de 35 % des décès qui sont attribuables à l’obésité. Malheureusement, cette trajectoire va dans le sens opposé à celle du tabac, car le nombre de personnes en surpoids continue d’augmenter. Les progrès réalisés par la lutte du tabac sont donc, dans une certaine mesure, en voie d’être contrecarrés par cette hausse de l’incidence de l’obésité.

Explosion d’obésité

Il faut voir ces résultats dans le contexte d’une étude parue l’automne dernier qui montrait que la proportion de jeunes adultes américains obèses avait littéralement explosé au cours des dernières décennies(2). Dans cette étude, les chercheurs avaient tout d’abord montré que l’indice de masse corporelle (IMC) moyen des jeunes âgés de 18 à 25 ans était passé de 23,1 en 1976 à 27,7 en 2018. C’est une augmentation importante, mais c’est encore davantage le nombre de personnes devenues obèses au cours de cette période qui frappe, passant de 6,2 % en 1976 à 32,7 % en 2018. 

En 40 ans à peine, l’obésité a donc quintuplé dans ce groupe d’âge, ce qui est vraiment inquiétant, étant donné que ces personnes sont encore jeunes et seront donc exposées pendant de nombreuses années aux perturbations métaboliques provoquées par l’excès de masse adipeuse. 

Le risque de cancer dans les années qui suivent sera donc forcément plus élevé chez cette population (sans oublier les autres maladies qui sont associées à l’obésité), ce qui risque de créer une énorme vague de cancers attribuables au surpoids au cours des prochaines décennies.

 

  • (1) GBD 2019 Cancer Risk Factors Collaborators. The global burden of cancer attributable to risk factors, 2010-19: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. Lancet 2022; 400: 563-591.
     
  • (2) Ellison-Barnes A et coll. Trends in obesity prevalence among adults aged 18 through 25 years, 1976-2018. JAMA 2021; 326: 2073-2074.



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Written by Barbara

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